saturday's gone, sunday's coming. ♦ pv. carmenita d'amour

Les dimanches matins.
Toujours de grands moments, pour n'importe qui. Mais surtout, disons-le, surtout pour une "rock star." Oh oui, le dimanche matin était toujours un moment particulier. Mais pas forcement dans un bon sens. Car en général, les dimanches matins d'Athenaïs Olivers, batteuse du groupe Fun Factory, étaient toujours un peu chaotiques. Ce matin là cependant, les choses semblaient un poil différentes. Lorsqu'elle ouvrit les yeux sur les coups de 11h, le lit était vide à côté d'elle. Un peu surprise et pas habituée à ne pas voir 'le mec du dimanche matin', peu importe qui il fut, elle se leva doucement, une légère lourdeur dans les yeux et surtout dans le crâne. Pas grand chose cependant comparé à certaines gueules de bois récentes issues des fêtes en l'honneur du nouveau succès de son groupe.

Curieuse tout de même, elle avait fait le tour de son appartement.. A commencer par la cuisine, vide. La chambre de Holly, vide (sans doute chez Daniel). Le salon, vide, le dressing, vide. Pour finir elle pensa à se diriger vers sa salle de bain, qui malheureusement pour elle était vide également. Il y règnait cependant un parfum qui reconnecta immédiatement les neurones d'Athenaïs : celui de Neel Lincoln, qu'elle aurait reconnu parmis tant d'autres. Un petit sourire passa sur ses lèvres, comme beaucoup d'autres samedis soirs, elle avait passé la nuit avec Neel. C'était une idée réconfortante, elle était sûre au moins de ne pas avoir couché avec le premier fan qui passait, si saoule fut elle. Puisqu'il était plutôt tôt et qu'elle était en forme, Athe décida de s'habiller et de partir faire une ballade sur Portobello Road, à quelques pas de là, seulement.

Une heure plus tard, la voila qui déhambulait sur la longue rue, laissant au soleil ses bras fins et ses jambes dorées. Elle adorait cette rue, toujours si pleine de surprises. Elle s'arrêta devant un petit antiquaire, admirant les magnifiques miroirs d'époque

Lendemain de concert chez Carmen Westfall. On le devinait à sa voix rauque - effet de trop de chant et de cigarettes -, à son teint blafard et ses yeux rougis. Après les concerts, le groupe allait toujours boire un coup, et ce samedi soir là n'avait pas fait exception à la règle. A dix heures, Carmen était sur le pied de guerre; et pas question de traîner au lit. Car chez la jeune femme, dimanche matin rimait surtout avec 'Marché aux puces', dont elle était une habituée. C'était sa coutume : tous les dimanche matins, elle se rendait sur Portobello Road pour profiter de la promenade, mais surtout, pour faire le plein d'antiquités sans réelle valeur, de vêtements dénichés pour deux francs six sous, et de tout ce qui lui plaisait. L'un des avantages ( voire le seul - de sa vie de célébrité, c'est qu'elle n'avait pas à s'embêter avec les problèmes d'argent auxquels elle aurait été confrontée en temps normal.
Le soleil brillait au dehors, la ravissant au plus haut point : Portobello Road sous le soleil, c'était le meilleur qui pouvait arriver en ce dimanche. Une fois présentable, elle quitta son appartement et Camden Town pour Kensington et Portobello Road, dans une chaleur exceptionnelle pour la saison.

Arrivée le long de la grande rue, Carmen savoura comme souvent le bonheur de voir, le long des trottoirs, les antiquaires et vendeurs en tous genres exposer leurs trouvailles. Elle arrivait après la bataille : tout était déjà installé sur les tables. Commençant son périple, la jeune femme observait avec attention des assiettes, qui semblaient issues des années soixante, lorsqu'elle s'aperçu de la présence à quelques pas d'elle d'Athénaïs Olivers, membre des Fun Factory. Elle la regarda suspicieusement, du coin de l'oeil. Cette fille se moquait de Carmen, et Carmen le lui rendait bien, en marchant dans son jeu. Pourtant, sa présence ici la dérangeait plus qu'autre chose : le dimanche matin sur Portobello Road, c'était réservé. Athenaïs apportait par sa simple présence de quoi gâter sa matinée.

Cette rue donnait toujours un peu le vertige à Athenaïs. Elle donnait surtout l'impression d'être une vraie caverne au trésor, ce qui avait un petit quelque chose de très excitant. On avait vite fait de retrouver notre âme d'enfant et de s'émerveiller de tout lorsqu'on venait à Portobello. Même pour Athe, qui vivait à deux pas de là et qui avait donc prit l'habitude de venir ici. Elle continua donc tranquillement sa balade, le sourire aux lèvres. Cette atmosphère la rendait heureuse, et le beau temps y contribuait. Tous les éléments d'une bonne journée étaient présents... Les éléments perturbateurs y compris, compte tenu de la vision qu'Athenaïs venait d'avoir en regardant sur sa droite. Oui oui, elle ne s'était pas trompée, c'était bien Carmen Westfall. A prioris, outre le fait qu'elle soit dans un groupe "ennemi" et que donc elle était quasiment obligée d'installer une rivalité entre elles deux, Athe n'avait rien contre elle. Mais elle n'avait rien pour non plus, au final. Elles auraient aussi bien pu ne jamais se croiser mais voila, Athenaïs avait un plan en tête. Rancunière, Calculatrice, Un poil égoiste, peut être bien, effectivement. Et voila qu'elle se retrouvait à faire amie amie avec une jeune femme étrangère à sa vie dans le but de se venger et, accessoirement, d'en savoir un peu plus. Que de défauts derrière ces buts.

La surprise passée, Athenaïs hésita quelques instants sur la marche à suivre. Fallait-elle qu'elle prétende n'avoir pas remarqué Carmen et qu'elle continue sa petite marche à travers les étalages, comme elle l'avait prévu ? Ou alors devait-elle recommencer son petit manège et aller la voir ? Elle décida de tenter le tout pour le tout et se coula à travers la foule jusqu'a atteindre la jeune chanteuse de Blue Lemons. Celle ci étant de dos, elle en rajouta même jusqu'a lui tapoter doucement l'épaule pour attirer son attention. Une fois ceci fait, elle s'exclama dans un sourire.

« Salut, Carmen.. C'est une surprise de te voir ici.. »

Elle commença alors à adopter une attitude de défense, les bras croisés, mais toujours le sourire aux lèvres.

« Salut, Carmen.. C'est une surprise de te voir ici.. »

Entendit-elle soudain, la sortant de sa torpeur. Cette voix était de celle que l'on distingue parmi toutes, et immédiatement la jeune femme sût c'était elle, Athénaïs. Cette dernière lui sourit, mais Carmen n'avait envie d'une seule chose : l'ignorer. Elle n'avait rien contre la batteuse des Fun Factory, si ce n'était ce même statut. Cependant, Carmen avait récemment appris une chose qui la tourmentait : selon certaines personnes, le but premier d'Athénaïs dans cette entreprise était d'infiltrer les Blue Lemons, pour et se venger de Liam, et espionner Aidan. Cette hypothèse était certes peu convaincante, mais à voir les manières de la brunette pour approcher Carmen, les soupçons étaient possibles. D'abord peu persuadée, la jeune femme avait fini par se rendre à l'évidence : Olivers ne cherchait que les ragots juteux. Et des ragots juteux, Carmen lui en donnerait : plus gros ses mensonges se feraient, mieux ce serait !

D'un air mi-figue, mi-raisin, la jeune femme se décida à jouer sa comédie jusqu'au bout. Alors, avec un petit sourire, elle lança d'une voix haut-perchée qui résonnait le faux pour quiconque la connaissait bien :

« Bonjour Athénaïs ! Je ne m'attendais pas à te voir. »

Elle dû se retenir pour ne pas trop en faire - lui sauter dans les bras en s'exclamant ravie, par exemple - et se contenter de la saluer poliment. La jeune femme lui renvoya son sourire.
Sa posture était des plus ouvertes, cachant au fond une rancœur brutale. C'était un parti pris : jouer le jeu de l'hypocrisie jusqu'au bout, pour mieux atteindre la cible. Ce n'étaient encore que les bases : une couche supplémentaire s'imposait.

« Tu viens souvent par ici ? »

La questionna-t-elle, toujours souriante. D'un geste doux, la jeune femme remit une mèche en place. N'y allait-elle pas trop fort dans le jeu du mensonge ? Probablement, si. Mais cette démesure était à l'image de son aversion pour Athénaïs, et elle ne se rendait même plus compte qu'elle dépassait l'entendement.

Athenaïs fut plutôt satisfaite de voir que Carmen jouait encore, au temps présent, dans son petit jeu. C'était son sourire aimable qui la rassurait car elle savait ô combien cette jeune femme n'était point bête et c'était sans doute ce qui l'effrayait le plus en elle, et pas sa notoriété ou son psychopate de petit ami. Et pourtant Athenaïs n'était pas du genre à avoir peur de grand chose, ce qui explicait qu'elle avait débuté avec une des personnes les plus influentes du moment un petit jeu sans doute dangereux. Mais surtout, elle finissait toujours ce qu'elle entreprenait et à l'heure d'aujourd'hui, ce qu'elle avait entreprit, c'était d'en savoir plus sur les petits secrets des Blue Lemons. Elle était donc là, plantée en plein milieu de Portobello Road par un doux dimanche matin à discuter comme n'importe quelle jeune femme avec n'importe laquelle de ses bonnes connaissances. A la différences qu'elles étaient toutes deux des rockstars confirmées.

« Moi non plus en vérité, je ne m'attendais pas à toi Carmen.. Tu habites dans le coin aussi ? ».

A chaque parole prononcée, la jeune batteuse s'appliquait à fixer intensément son interlocutrice dans les yeux. Manoeuvre de destabilisation ? Pas vraiment, c'était juste une vieille habitude à laquelle Athe savait Carmen non sensible. Elle ne se gênait donc pas. Se rendant compte de sa tenue peu encourageante, elle esquissa un sourire en décroisant ses bras pour s'appuyer nonchalemment contre un stand quelconque. Si elle se sentait peu à l'aise ? Certainement, mais le but présent était de ne surtout pas le laisser paraître. Peut être qu'avec un peu de chance elle pourrait engager une conversation un peu plus interessante avec la chanteuse dans quelques instants. Un sourire spontané apparut l'espace d'un instant sur ses lèvres lorsqu'elle répondit

« Ahem.. Oui, en fait, ça m'arrive souvent puisque, comme je te le disais, j'habite tout près. Et puis.. »

elle se retourna superficiellement pour montrer d'un large geste l'avenue derrière elle.

« C'est un endroit formidable. J'adore fouiller dans le coin. »

elle se retourna de nouveau pour parler à Carmen face à face, d'un air tout à fait naturel et décontracté.

« J'ai trouvé des vinyls formidables la dernière fois, je suis sûre que si je retrouve le stand, tu adorerais. »

Athenaïs Olivers, ou comment dériver n'importe quel sujet sur ce qu'il l'interessait vraiment : la musique.

HJ : Quand je te disais que je manque de pratique...

« Moi non plus en vérité, je ne m'attendais pas à toi Carmen.. Tu habites dans le coin aussi ? ».

déclara Athénaïs non sans un sourire. Leurs yeux ne cessaient de se croiser, et la jeune brune n'hésitait pas à en jouer, feignant parfois la gêne, parfois la honte. Sinon, elle laissait ses yeux plantés dans ceux de son interlocutrice. Cette dernière s'appuya avec nonchalance sur le rebord du stand - sous les yeux surpris de quelques passants, qui sortaient leur portable pour prendre une photo des deux jeunes femmes. Photo qui se trouverait probablement dans les unes le lendemain, mais qu'importait-il.
Avec un sourire en coin, Carmen croisa ses bras sur sa poitrine, puis répondit.

« Non, mais j'y ait vécu. »

Elle hésita un instant, et détourna ses yeux, suivant sa méthode. Cette fois, elle cherchait à feindre la gêne.

« Quand j'avais à peu près dix-huit ans, avec une fille, un peu plus qu'une amie, tu vois. »

Il était convenu, d'un accord tacite, entre les deux jeunes femmes que les moindres mots échangés n'étaient que mensonge. Ainsi, Carmen était presque certaine que ces informations factices ne sortiraient pas de leur échange. Mais pour en être absolument certaine, elle ajouta :

« Par contre, n'en parle pas, s'il te plaît. Tu connais les journalistes. »

Elle fit tourner ses yeux de bas en haut, de la gauche vers la droite. Autour d'elles, une petite foule commençait à s'amasser, et cela plus pour les observer curieusement que pour les livres poussiéreux de l'étalage.

Athénaïs évoqua un stand de vinyls, auquel elle entreprit de l'emmener. Elles marchèrent un instant, silencieusement, et finalement arrivèrent devant une table où les disques semblaient se battre pour le prix du meilleur vinyl. Carmen en resta estomaquée, ne sachant pas comment elle avait pu ignorer si longtemps l'existence d'un pareil endroit. Elle lâcha un sonore :

« Ca alors, Athénaïs! »

qui ne manqua pas d'attirer les regards des passants. Il est vrai qu'Athénaïs n'était pas le plus commun des prénoms, à Londres. Et que la voix grave de Carmen n'était pas de celles que l'on ne reconnaît pas. La jeune femme jeta un regard circulaire, cependant n'arrivait pas à oublier la présence d'Athénaïs à ses côtés. Elle n'en revenait pas. Elle se promenait, à ce moment même, aux côté d'une des Fun Factory. C'était plus qu'incroyable : c'était inédit.

« Et sinon, le groupe, ça se passe bien? Pas trop d'incidents sur les concerts? Remarque, il doit moins y avoir de problèmes que chez nous. Vos musiques sont moins agitées, les fans aussi. »

Et tac, prend ça. Westfall, un. Olivers, zéro.

C'était tout un jeu de regards qu'Athenaïs sentait s'installer entre les deux jeunes femmes. Pour tout bon observateur, c'était une chose importante à noter car la façon dont elles se regardaient parfois trahissait avec une grande clarté les sentiments peu avenants qu'elles avaient l'une pour l'autre. Toutefois pour les deux c'était certainement un jeu et dans tous les cas de figure, les personnes qui pouvait les regarder à ce moment étaient sans doute plus préoccupés par leur présence ensemble dans un lieu si peu commun à une heure si peu commune ou simplement des détails insignifiants comme la façon dont elles étaient habillées ou la tête qu'elles pouvaient bien avoir un lendemain de fête. A vrai dire cette présence importune, même discrète de quelques admirateurs dans les environs, qu'Athe savait surtout attirés par le charisme de Carmen qui, en tant que chanteuse d'un groupe largement installé dans la capitale, faisait forcement bien plus le poid qu'une jeune batteuse d'un nouveau groupe choc assez discrète en général. Non, elle n'aimait pas trop s'afficher, voir pas du tout et ces quelques flashs, même peu nombreux, suffisaient souvent à la mettre dans une position assez déconfortable.

Toutefois la jeune muscienne ne se laissa point déconcentrer et écouta avec interêt, cette fois ci non simulé, les propos de sa rivale officieuse. Un rire silencieux la traversait lorsqu'elle entendait les mensonges que débitait Carmen, notamment sur son ancienne "colocation" avec une fille à caractère ambigu. Athe savait que ce n'était pas une simple statégie de la part de Westfall car elle la connaissait assez bien pour deviner qu'elle était trop rusée pour croire réellement à la portée de ses paroles. Ce qui expliquait l'amusement profond d'Athenaïs. Elle aimait à pimenter un peu son début de journée par ce genre de conversations.

« Hum, oui, je vois oui. Mais je comprend, evidemment. Je suis là dedans aussi, je ne vais pas m'amuser à racontrer tout ce que j'entend. Après tout ça ne les regarde pas, hein ? »

elle avait légèrement soulevé un sourcil, comme dans l'attente d'une réaction.

Peu après, s'échappant des regards des curieux qui ne tarderaient pas à ré-apparaitre, les deux rockeuses étaient devant le fameux stand de vinyls. Qui faisait toujours le même effet à Athe, qu'elle soit avec Carmen Westfall.. ou pas. D'ailleurs celle ci semblait partager cette impression et son exclamation fit échapper à Athenaïs le même rire sonore qu'elle avait refoulé cinq minutes plus tôt. Et c'était un rire, aussi surprenant que cela pouvait être, parfaitement spontané. Mais cet instant repassa bien vite loin dans sa mémoire quand elle se souvint du but initial de toute cette conversations et de toutes celles qu'elle avait eut avec Carmen : en savoir plus, toujours un peu plus. Elle croisa les bras une nouvelle fois quand elle réalisa d'ailleurs l'ampleur cachée de la légère pique que venait de lancer Carmen. Changeait elle de plan d'attaque ? Elle allait finir par catégoriser cette fille plutôt instable. Ou bien simplement vraiment vicieuse.

« Le groupe ? Non, vraiment tout va bien pour le moment. C'est vrai que les fans sont plutôt calmes.. Peut être que c'est juste, tu sais, un effet de foule inverse, avec ces groupes londoniens qui enchainent les conneries, ils doivent se sentir obligés de rattraper le coup. Peut être. En tout cas, ces fans 'calmes' sont de plus en plus nombreux à nos concerts et ça, ça réjouit forcément. Et vous, vous continuez à vous produire souvent avec toutes ces tensions ? »

En vérité Athenaïs était plutôt douée pour tout ce qui touchait aux rapports de force. Même si, il faut le dire, les forces lui semblaient là plutôt égales.

» • Guiding light {Carmenita*