surprise, surprise... [R.]

Carmen amena avec délicatesse la tasse de café à sa bouche. De la vapeur s'en dégageait, formant dans l'air de souples volutes. Lorsque ses lèvres entrèrent en contact avec le récipient brûlant, la jeune femme poussa une légère exclamation, avant de reposer la tasse : sa lèvre était irritée. Elle la frotta vigoureusement - geste inutile - tandis que son amie répondait avec une précipitation qui lui était étrangère : « Non. Il ne se passe rien de spécial. Je… j’étais juste un peu dans les nuages… Rien d’important… » Même un inconnu aurait perçu cette réaction. Sur le doux visage de Carmen se dessina un rictus moqueur. Deirdre n'avait jamais eu de don pour cacher la vérité, et encore moins à la jeune femme, qui se trouvait tout de même être une de ses plus proches amies. Depuis leur enfance, Carmen réussissait à perçer son amie à jour, et à lui faire avouer ses maux. Ce n'était donc pas aujourd'hui qu'elle se ferait berner.
Deirdre venait par ailleurs de lui ôter d'regard fuyant ce qui persistait de doute en elle - une dose infime pourtant.

La jeune femme lâcha un petit rire. « Assez important pour que tu y penses. » lança-t-elle avec des yeux malicieux. Elle observa son amie. Qu'avait-elle donc à lui cacher? « Et assez important pour que tu omettes de m'en parler. » Ajouta-t-elle avec un sourire complice. Assises toutes deux sur le sofa à déguster des muffins, Carmen était heureuse de parler avec Deirdre : cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas passé une telle après-midi. A peine arrivée et pourtant, elle avait le sentiment que cet instant était le mieux qui lui était arrivé depuis un temps considérable. Elles se regardèrent, et devant le mutisme de son amie, la jeune femme lui exerca une pression sur la jambe, tout en la fixant sérieusement. « Allez, déconne pas, lâche le morceau! » Carmen, dans la hâte d'une réponse, jubilait. Elle avait l'impression que ce dont Deirdre voulait lui parler était quelque chose d'exceptionnel. Alors, son esprit se laissa aller, et toutes les options lui semblaient plausibles, à commencer par « T'es amoureuse ? » balayant cette hypothèse d'un revers de main - n'oublions pas que c'était avec Deirdre qu'elle parlait - elle continua sur sa lancée. « T'ES ENCEINTE ! » s'écria-t-elle en se levant sur le canapé et en montrant son amie du doigt : « Tu vas accoucher d'un extraterrestre ! Le père c'est George Clooney ! Ce sont des jumeaux, et un est de George et l'autre, de... hm... Brad Pitt ! C'est ça, c'est ça, hein ? » continuait-elle de s'époumonner, sous le regard ébahi de Deirdre. La scène était hilarante : Carmen, sautillant comme une gamine sur le canapé, et Deirdre, riant aux éclats, et l'exhortant à se calmer. Heureusement que les voisins n'étaient pas gênants, auquel cas ils auraient rappliqué vite fait bien fait, pour leur faire comprendre que les cris n'étaient pas les bienvenus dans l'immeuble.

(nul, nul, nul!)

« Nan, rien de prévu… Pourquoi ? » Deirdre paraissait méfiante, et elle n'avait pas tellement tort de l'être. Ignorant encore où son amie souhaitait l'emmener, la jeune femme fit une moue grimaçante en tournant son visage vers la fenêtre. « Tu ne veux quand même pas passer la soirée dehors ? T’as vu le temps ? » Carmen, quant à elle, gardait son sérieux, persévérant dans son regard de chien battu, comme l'appelait Deirdre. « Et puis tes yeux de merlan frit, ça ne fonctionnera pas aujourd’hui ! Et tu voudrais m’emmener où au juste ? Parce que si c’est un truc type karaoké, j’espère que tu te souviens de la dernière fois… ! » Comment oublier cette fameuse dernière fois. A peine entrées, Deirdre avait voulu partir.

« Sérieusement Carmen, on décampe, j'ai pas envie de m'ennuyer toute la soirée, c'est tous des loosers ici... » Lançait Deirdre à tue-tête. Carmen avait balayé la salle d'un regard, constatant en effet qu'il n'y avait que des 'loosers'. Mais elle ne se laisserait pas faire par cette mule de Deirdre. « Oh allez, on va bien rigoler, justement! » Avait-elle répliqué non sans un large sourire. Après plus de dix minutes de débat, Carmen avait abandonné, laissant la victoire à son amie : elles étaient parties et avaient opté pour un bar tranquille. Loin, bien loin, de l'ambiance karaoké.

Carmen sourit, tout en essayant d'argumenter en sa faveur. « Mais, viens, Deirdre! C'est juste pour rire! Je te forcerais même pas à chanter. Promis. » Elle leva sa main droite en signe de serment. De toute façon, elle était convaincue que Deirdre ne cèderait pas, malgré toute la bonne volonté qu'elle mettrait dans son apologue. La jeune brune se mit à réfléchir aux arguments qu'elle pouvait avancer, lorsqu'un bip sonore la tira de cette profonde réflexion. Carmen se leva, et alla chercher son téléphone portable dans son sac à main. « C'est le grand manitou.. » Appellation choisie par Carmen et Deirdre, pour désigner la manager des Blue Lemons, Reid. « Elle dit qu'il faut que tu ailles au karaoké ce soir! » Elle rit, avant de poursuivre. « En fait, elle demande à ce que l'on répète encore... Je sais pas jusqu'à quelle heure. » La jeune femme pesta intérieurement contre cette stupide répétition, qui lui faisait rater cette soirée avec son amie. Cependant, elle n'avait pas le choix... « Je vais devoir t'abandonner... » Elle fit une mine attristée, puis s'approcha de son amie, feignant une bise. En réalité, elle se saisit silencieusement du muffin qui était sur la table basse tandis qu'elle claquait un baiser sur la joue de son amie. Arrivée au niveau de la porte du salon, Carmen brandit le muffin, victorieuse. « Je te prend ça pour la route, d'accord? On se revoit plus tard! Je repasse après la répèt', pour t'embêter encore un peu. » Et elle sourit largement, avant d'emprunter le couloir et de quitter les lieux.

(désolée de la médiocrité du post : pas construit, pas intéressant, tout ça à la fois.)