Stop chasing me ! [Bibi]

Un carreau de vitre cassé, une lumière de chevet explosé sur le sol et le chat de la famille terré dans un coin sous un carton, Coby émergea de tout se brouhaha la tête la première, observant à droite et à gauche si rien ne menaçait sa vie. Le chemin était libre mais la chambre de la jeune femme était dans un sale état. Aujourd'hui, elle avait décidé de s'essayer à la batterie. Enfin, à une batterie faite de casseroles et compagnie. Sauf que, n'arrivant à rien, la gamine de Liverpool c'était énervée.. les conséquences vous les connaissez déjà : une chambre ressemblant à terre dévastée. Amen, sa tante n'était pas là, elle travaillait. Quant à son cousin et sa cousine, ils étaient - pour le moment, en cours.
Finalement, elle eut pour seule réaction de filer en courant, attrapant son sac au passage, ne prenant même pas le soin de laisser un mot pour expliquer tout ce bordel (non pas son absence, en réalité elle était censé être en cours à l'heure qu'il est). Cobeyn erra dans Londres toute la journée sans réellement savoir ou aller. Les magasins défilaient sous ses yeux, les restaurants également, les passants aussi. Puis, elle emprunta la première rame de métro qu'elle trouva, ainsi elle la conduirait n'importe ou mais à la découverte d'un monde qu'elle ne connaissait encore pas. Assise seule, son regard azur se porta ensuite sur une silhouette familière.. celle de Chase, le mec qu'elle admirait et à qui elle voulait tant ressembler. Là, debout, avec des écouteurs et en train de se faire malmener par un groupe d'emmerdeurs. Cobeyn observa la scène de A à Z, presque choquée de la violence dont il faisait preuve mais limite admirative également (avec les petites étoiles dans les yeux, hu). Et d'un seul bond elle sortit également de la rame, poussant tout le monde sur son passage, se retrouvant désormais derrière lui et souriant comme une adorable jeune fille.

« Salut ! Tu vas ou comme ça ? » lança-t-elle gaiement tout en lui emboîtant le pas, le forçant bien sûr à s'arrêter. Mauvaise idée peut-être ? Mais Cobeyn était du genre coriace et elle ne lâcherait pas tant que ses désirs ne seront pas devenus réalité. « Je peux venir ? » pause. « Tu vas faire de la batterie ? » nouvelle pause. « S'il te plaîiiiiit apprends moi à jouer pitiéééé ! » Terminé les politesses, maintenant elle tentait de le faire changer d'avis par la pitié. En fait, dans sa petite tête, elle s'était simplement dit qu'elle utiliserait tous les moyens possibles pour qu'il soit d'accord et l'aide. Le premier était la pitié, le second la force, mais niveau rapport de force elle pouvait se coucher la pauvre enfant. « Toute façon je vais te suivre, partout, comme si j'étais un vrai pot de colle, genre tu te trimballes ta petite soeur. » et sur ce, elle croisa les bras comme un enfant boudeuse. Cobeyn était chiante, sur ce point tout le monde s'accordait. C'était là le pire de ses défauts.
En fait, à y réfléchir, elle parlait énormément aussi. En l'espace de trois minutes, elle avait débité plus de paroles qui perroquet, qu'une télévision, qu'une radio, que n'importe quoi. Et plus il dirait non, plus elle serait chiante, plus elle parlerait. Et comme pour clore son mini discours, elle rajouta une dernier fois pour l'exaspérer un peu plus : « Et tu peux m'apprendre à être comme toi aussi ? Je peux te payer.. 'fin ouais.. 'fin aller ! »

Zut. Il n'était pas content, toujours à camper sur ses positions. Coby ne put que soupirer à ses paroles, comme résignée. Mais non, elle était décidée à faire de lui son mentor pour devenir une parfaite petite fille non modèle. Il craquerait, qu'importe le prix à payer, elle y parviendrait et ce, avant la fin de la journée, voilà l'objectif qu'elle s'était fixée à l'instant dans sa petite tête. De ce fait, elle sourit à nouveau, comme si ses dires ne comptaient pas. « Non, je sèche. » lui avoua-t-elle, sans préciser le pourquoi du comment. « Jamais mais on se connait maintenant, ça change tout. » Eh oui, elle le considérait presque comme un ami. Cobeyn était difficile à comprendre et tout ce qui était vivant et lui avait déjà adressé la parole était, en réalité, considéré comme un ami. Mère Thérésa c'était elle, voilà pourquoi il fallait absolument qu'elle change. Cependant, seule, sans aide, difficile d'y arriver. Chase, elle le considérait comme le rebelle de service parfait, limite elle lui vouait un culte. Ca méritait bien un petit coup de mains, non ? « Pourquoi toi ? Eh ben t'es grand, beau, fort, mal élevé et parce que j'aime bien tes cheveux et tes fringues. Et puis merde, soit pas radin ! J'ai pas assez d'argent pour faire comme ça, j'suis une pauvre. Soit cool ! »

Cobeyn n'était pas méchante, loin de là, mais putain ce qu'elle était chiante. Une véritable emmerdeuse avec un grand E. Aujourd'hui, son dévolu avait été jeté sur lui, lui qu'elle avait croisé une fois dans un bar, qui avait des mimiques et une attitude un peu taré. Quoi que non, follement taré et ça lui plaisait plus que tout. Elle avait d'ailleurs essayé de reproduire ce qu'elle avait vu dans le bar, sans succès. On est un boulet ou on ne l'est pas, après tout. « Eh ben une copine alors ! Et puis je m'en fous du reste, je veux que ce soit toi. ALLEZ ! » Espèce de peste sur patte, brunette chipie qui fut bien élevée, trop à son goût de fraîche petite rebelle. Il céderait. Il céderait. Obligatoirement. Elle s'en faisait la promesse. Quitte à lui prendre la jambe pour qu'il abdique. « Moi même je suis nulle. Je peux te réciter des prières.. tu vois le désespoir qui m'entoure, hein ? Ayez pitié de moi quoi ! » Et elle joint ses mains devant elle, comme pour prier justement, certes elle devait avoir l'air conne, mais au point ou elle en était.. « Pourquoi ? T'accepterai le paiement en nature ? » La pieuse enfant laissait elle place à une autre personne ? Non, car elle n'avait absolument pas réfléchis à ses paroles et c'était lançé dans cette phrase sans même y avoir pensé un seul instant. De ce fait, elle se ravisa de suite, comme si elle venait de faire une terrible bêtise : « Nan mais je plaisante hein ! » Surtout qu'elle, payer en nature, ce serait la blague de l'année. Elle avait perdue sa virginité il y a quelques mois avec un ami, totalement bourrée et ne se souvenait de rien. Donc, après moultes hésitations, elle se considérait donc comme une jeune vierge effarouchée. Si c'est pas la classe ça.. Hum, faudrait peut être éviter de le crier sur les toits. La honte. « Je me mets à genoux si tu veux, je fais ce que tu veux mais tu es mon seul espoir ! » Amen.

Il était chiant, borné, cassant, emmerdant, les adjectifs ne manquaient pas pour le qualifier. Têtu comme une mule, mais elle l'était aussi. Il lui faisait presque la morale, s'en était mignon, voir touchant. Lui il n'avait jamais séché les cours ? Menteur ! D'accord, elle jugeait sans connaître mais avec sa dégaine, elle le voyait mal présent chaque jour en cours. Alors certes, Cobeyn était un peu folle : d'accord, elle le collait sans cesse, d'accord elle le harcelait presque, d'accord.. Mais pour en finir avec cette situation il n'avait qu'à répondre positivement à sa demande au lieu de jouer les mecs blasés et sarcastiques. « Whoooh mais OH ! » s'exclama-t-elle en levant les mains au ciel. Nan mais il abusait un peu là. Ou pas. « Nan mais c'est bon, bosser pour avoir ce qu'on veut et tout le ragnagna, on m'la déjà dit ! Mais c'est pas possible l'ami ! » mais elle ne s'étendit pas plus sur le "pas possible" et lui fila une tape sur l'épaule comme s'il s'agissait d'un vieux pote. En réalité, elle ne pouvait pas bosser parce que sa tante était toujours derrière elle et Dieu seul sait à quel point elle la tuerait si elle foutait en l'air ses études pour aller bosser dans un pub miteux le soir. Oui, les tantes sont des êtres dangereux.

Trop jeune ? L'excuse. Pourquoi tout le monde lui répétait qu'elle était jeune ? Trop jeune pour ci, pour ça, allez tous vous faire foutre, au final. « Okay, alors la petite elle t'emmerde et je suis pas jeune ! » 18 ans, l'âge fou, l'âge parfait, si elle était jeune, il n'était qu'un vieux crouton. Mais c'est une insulte qu'elle se garda pour elle-même, des insultes à son égard ne l'aiderait pas à obtenir gain de cause. « Moi je te saoule ? Mais pas du tout, je suis d'une gentillesse.. » M'ouais. Son air de petite fille sage en disait long sur le jeu qu'elle jouait. Trêve de plaisanterie. Ce mec était un fou, un taré, ça elle le savait, mais à ce point.. lui proposer d'aller voir les prostituées ! Infâme ! « Tu m'as l'air de bien connaître les prostitués ! » Cobeyn : un, Chase : zéro. Mais finalement, une lueur d'espoir vint apparaître aux yeux de la jeune fille : il semblait être prêt à céder si jamais elle l'écoutait de A à Z. Et là, une question se posait : qu'allait-il lui demander en échange ? Mystère. Coby ne put s'empêcher de sourire grandement, déjà toute excitée par la situation e se retint de sauter un peu partout. « OUI ! TOUT CE QUE TU VEUX ! JE SUIS A TES ORDRES ! » hurla-t-elle en lui sautant dessus, l'enlaçant comme s'il venait de lui sauver la vie. Une marque d'affection de trop mais difficile pour elle de se contrôler. « Tu me sauuuves ! » Faut peut être pas poussé non plus. Mais finalement elle reprit son calme, renvoyant une mèche de ses cheveux en arrière et se positionna devant lui avant de rependre : « Et mon apprentissage commence par quoi ? »