Les aventures de Neel et Bowie II

Le matin en se levant il avait consulté son agenda. Et la date avait fait comme tilt dans sa tête. Cette date entourée sur le petit carnet, précisait qu’il avait bien quelque chose à faire, mais quoi ?! Simple comme bonjour, c’était pile à une semaine de l’anniversaire de sa très chère mère. Et pourquoi à une semaine de son anniversaire, il avait entouré la date ? Pour la bonne et simple raison qu’il n’allait pas se pointer chez ses parents les mains vides. Pour l’anniversaire de son père, ça aurait été tout autre chose. De un, la superbe page de l’agenda serait complètement raturée, et de deux, il ne serait pas allé chez ses parents les bras chargés de cadeaux. Pour sa mère, Neel était prêt à tout. Elle avait toujours été là pour lui, mais malgré cette relation fusionnelle qu’il entretenait avec sa mère depuis tout petit – son complexe d’Œdipe – il lui en voulait de ne jamais l’avoir défendu contre son père. En même temps, ce n’était peut-être pas vraiment de sa faute, elle avait peur des représailles de son mari, alors qu’elle avait été autrefois, une forte tête.

Voilà pourquoi Neel Lincoln s’impatientait. Pris dans les bouchons, assis à l’arrière d’un taxi de Mr Toutlemonde, il regardait l’heure. Les magasins au centre commercial The Edgeton si réputé et si cher allaient bientôt fermer, alors qu’il était encore loin d’y être. Qu’est ce qu’il lui avait pris de s’endormir tout l’après midi après avoir répété avec Dan certains morceaux qu’ils trouvaient trop simples. Oui, ils étaient perfectionnistes. Plus que ça, Neel était impatient. Il s’approcha du siège avant et questionna :

« Vous pouvez pas passer par ailleurs, car sinon ça ne me sert à rien. »

Le chauffeur de taxi répéta que non et que ça faisait déjà la troisième fois qu’il le lui demandait, et que s’il y tenait tant, il aurait été préférable d’y aller plus tôt. Ces stars n’en faisaient qu’à leur tête. Voilà pourquoi dans une réaction pure de Lincoln père, mère, ou fils, il sortit du taxi payant rapidement le chauffeur, et marchant à grandes enjambées, courant presque. Vraiment trop pressé. Il n’avait pas le temps d’y aller lors des prochains jours, il avait un emploi du temps trop chargé.

Bousculant même des personnes au passage, il ne s’excusa même pas, et lorsqu’un gamin le reconnut, il ne s’arrêta pas, contrairement à ses habitudes, ce qui lui valut une flopée d’insultes qu’il jugeait non méritées, mais peu importe, il ne pouvait s’arrêter, où il ne pourrait jamais acheter un cadeau pour sa mère. Il avait déjà un semblant d’idée, simplement il voulait voir si tout ceci était possible. Il comptait refaire la chambre de sa mère. Arrivant enfin devant le magasin de déco et literie, il pesta. Ce dernier était fermé, même s’il était encore légèrement allumé.

« Putain de trafic de merde ! »

Il shoota contre le mur tel un gamin capricieux, et c’est là qu’il vit quelqu’un qu’il n’avait pas vu depuis une fois assez spéciale…Bowie Prinsloo. Elle sortait d’un magasin. Il alla tout de suite à sa rencontre se disant qu’elle l’ignorerait sinon, toujours vexé par la tournure de la fois dernière.

« Bowie ! »

L’attrapant par le bras, il reprit :

« Il faut qu’on parle. »

Pourtant, il regarda un instant frénétiquement à droite et à gauche. Aucun journaliste, mais il se précipita dans un coin tranquille. Et il l’attaqua :

« C’est bon t’as bien jubilé sur la dernière fois ? »

" C'est noir ! " pause. ' Oui et alors ? ' s'offusqua Bowie en observant sa jeune styliste, l'air abasourdie par la tenue que portait la brune. Non, elle n'était point nouvelle, loin de là. Voilà plus d'un an qu'elle collaborait avec la 'it girl', histoire de se faire un nom dans le monde impitoyable des strass et paillettes londoniennes. C'est d'ailleurs avec joie qu'elle l'avait prise, jugeant ses choix toujours intéressant et innovant. Cependant, depuis quelque temps, cette dernière commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. " La mode de cette année est le vert. " La couleur de l'espoir, haha. Ne lui avait-on pas dit qu'elle était juste une conseillère et non une dictatrice ? Pauvre petite chose pleine d'en train. Bowie pesta et ne se soucia même plus d'elle, observant la dite tenue dans le miroir. Effectivement, quelque chose clochait tout de même.. Elle aurait pu claquer des doigts et obtenir la garde de robe d'on-ne-sait-qui en trois minutes top chrono, mais la jeune brune se contenta de se changer façon vie de tous les jours et de prendre ses clés. Pour une fois dans sa misérable.. euh, sublime, oui : sublime vie, elle eut l'envie de faire son shopping par elle-même sans avoir constamment l'impression d'être une pauvre assistée.

Le centre commercial The Edgeton lui vint à l'esprit. Une succession de boutiques de luxe, de pétasses à talons aiguilles Prada s'extasiant devant les robes de mariée, de vieilles peaux habillées de poil de lama accompagné de leur fils qui en réalité n'est que le jardinier amant de madame. D'accord, dit comme ça il n'y avait rien de tentant à venir ici, pourtant Bowie s'amusait toujours de ses situations cocasses. Les riches étaient des gens bien étranges, trop apparemment.
Il ne lui fallut que vingt petites minutes pour arriver, l'horloge pointait l'heure ou il était temps pour le reste de la population de faire les courses. Etonemment, les rues étaient quasiment libres ce qui ne serait plus le cas d'ici peu.
The Edgeton.. Dite lui ou donner de la tête ? Des magasins à perte de vue plus étincelant les uns que les autres. Une véritable caverne d'Ali Baba pour carte de crédit gold. Bowie en choisit un dont la vitrine l'interpella : un magasin de vêtements en tout genre. Le plus incompréhensible ici, c'était les étiquettes. En effet, il n'y en avait aucune. Pour la clientèle, le prix ne comptait pas. La crise ne se faisait pas sentir à tous les niveaux. Et pourtant la jeune Prinsloo ne put s'empêcher de pousser un soupir. Réaliste, elle savait pertinemment que l'argent sortait bien plus rapidement qu'il ne rentrait et bien qu'élever dans un monde aisé, jeter son fric par les fenêtres ne lui ressemblait pas. C'est pourtant sur un jean noir incrusté de diamant qu'elle craqua, une petite merveille qui lui servirait bien un jour.. une fois invité dans un chic resto.. bon d'accord, un jour lointain. Le prix s'avéra quelque peu salé, quelque peu beaucoup finalement. Tant pis.

A peine était-elle sortie, rangeant sa carte de crédit, que quelqu'un lui saisit le bras, trop violemment à son goût ce qui lui rappela quelques souvenirs encore difficiles.. Ce fut Neel Lincoln qui se dessina devant elle. Il venait de l'attirer dans un endroit plus tranquille visiblement bien énervé. ' Ne me touche pas ! ' hurla-t-elle littéralement, arrachant son bras de la poigne de Neel tout en lui lançant un regard noir. Une perte de sang froid qui ne répondait pas au caractère de l'incompréhensible Prinsloo. Dans la seconde qui suivie, elle se ravisa rapidement. ' Oh fous moi la paix, arrête de ressasser le passé toujours, avance un peu au lieu de rester sur place. ' continua-t-elle sur un ton plus calme, adoptant à nouveau cet air détaché-je-m'en-foutiste qui la caractérisait si bien. Pourquoi devait-il remettre ça sur le tapis ? Qu'il oublie et vive sa vie. Si la vérité ne lui convenait pas, qu'il se voile la face et lui foute la paix, bordel. ' Je t'ai dis la vérité, excuse moi de ne pas te caresser dans le sens du poil comme tous les autres. ' pause. ' Et puis quoi ? Tu m'as bien foutu un vent et j'en suis pas morte, sourie Neel.' Ouai sourie..

Bowie et Neel n’étaient pas faits pour se rencontrer, mais le destin en avait décidé autrement. Une australienne et un écossais, tous deux fortes têtes, tous deux connus en Angleterre. Bowie avait l’art de façonner Neel. En effet, pour peu qu’ils se parlaient et discutaient, elle finissait par avoir le dessus, et par le faire changer sous certaines formes. L’influence des femmes sur le jeune garçon n’était pas évidente, mais venue tout droit de Brisbane elle avait changé la donne. C’était comme si elle avait quasiment plein pouvoir. Et leur dernière rencontre le démontrait parfaitement. On y avait vu un Neel indécis, qui sous la pression de la jeune femme avait fini par craquer et a afficher un scandale en public : ‘Lincoln et Prinsloo un couple ?’ Il avait lu ça toute la semaine. Ou encore : ‘Le leader des Fun Factory cède à la tentation.’, ou bien ‘Le charme à l’Australienne’. Bref il y en avait pour tous les gouts, et il en avait assez. Il avait même tenté de se justifier auprès de son groupe disant que c’était truqué, mais personne ne semblait le croire. Même Daniel lui avait dit d’assumer, ou de se complaire dans son mensonge en faisant un communiqué, mais il ne l’avait pas fait, laissant courir. Se jurant de faire payer à Bowie également. Non pas que ça lui déplaisait de s’afficher avec elle, mais on en revenait toujours au même point. Neel était amoureux, et même si la réciproque n’était pas vérifiable, il croyait aveuglement que ça atteindrait Athenaïs. Pauvre petit guitariste hors pair.

Il ne savait même plus ce qu’il voulait : un scandale ou non, une seule et unique fille dans son lit ou bien plusieurs, Neel commençait son chemin dans la dure vie des stars, et commençait à comprendre que tout n’était pas tout rose comme dans le monde des Bisounours avec Rondoudou ce pokémon qui vous chante une jolie berceuse. La réalité était tout autre. Et Bowie l’incarnait. Elle n’avait rien de la fille parfaite de la sainte nitouche qui faisait mine d’être mariée à l’homme le plus beau et le plus riche de la terre entière, non elle était plutôt crue, et ses phrases acerbes en déroutaient plus d’un – ou en attiraient plus d’un, à voir, car elle était si différente que ça la rendait intéressante aux yeux de tous. Pas de tabous, pas de demi-mot, et ses gestes à l’encontre de Neel lors de leur rencontre au café n’étaient ni anodins, ni faits au hasard, démontrant parfaitement qu’elle ne craignait rien ni personne.

Paradoxalement à peine l’avait-il attrapée par le bras qu’elle craignait qu’il la touche. Tiens, aurait-elle fini de jouer ? Neel ne l’entendait pourtant pas de cette oreille. Même s’il la lâcha, il la fixait toujours de ce regard ferme et accusateur, lui reprochant tous les malheurs de ~~Sophie~~ sa petite personne. Et comme à son habitude, dans ce coin reculé du centre commercial, à l’abri des regards, elle continuait de battre en retraite lui reprochant son manque de jugeote en accordant trop d’importance au passé. Elle n’avait pas tort, mais Neel avançait en réparant les erreurs du passé, ça avait toujours été son moteur, car sans ça, son père l’aurait déjà bien écrasé depuis très longtemps. Il s’offusqua d’ailleurs :

« Justement, je veux avancer et je veux qu’on arrête de me prendre la tête avec ce qu’il s’est passé au café, surtout qu’il n’y a rien eu, alors tu vas faire en sorte que ça s’arrête. »

Des menaces de la part de Neel Lincoln. Plutôt rare. Il rit nerveusement tout aussi soudainement :

« Pardon ? Moi je t’ai foutu un vent ? T’inverses pas les rôles là ? Tu m’as chauffé devant tout le monde, tu m’as fait détester le scrabble, et tu dis que je t’ai foutu un vent ? »

Pause.

« C’est toi qui t’es cassée d’un coup, parce que tu supportes pas l’idée d’être la seconde. Oh pardon fallait pas le dire, Athenaïs est passée avant toi c’est dommage… »

Un peu de sarcasme et Neel retrouvait de sa superbe. Il ne la laisserait pas gagner de l’ampleur, cette fois-ci il était déterminé à se faire comprendre, pour qu’on arrête les malentendus, et surtout à ne pas se laisser mener par le bout du nez.

Un rire. Transperçant l'atmosphère, sorti ainsi de nulle part, vint se perdre dans ce trou paumé du centre commercial. Bowie ne put s'en empêcher. Quelle situation ridicule et ce, de A à Z. Il croyait la toucher avec ces paroles ? La faire réagir ? Sortir de ses gonds ou autre ? Pauvre petit Fun Factory, bercé dans un monde d'illusions. ' Mais tu la veux ta vérité Neel ? ' commença-t-elle plus sérieusement. ' T'es qu'un connard et ça, même les journaux le savent. Je suis une pétasse, mais moi au moins je l'assume et je fais pas semblant. Alors que toi.. mais regarde toi bordel, t'as jamais su ce que tu voulais. Un jour tu t'affiches avec moi, le lendemain tu viens pleurer sur mon épaule parce que les journalistes te harcèle. T'es un branleur de première incapable de s'assumer, c'est tout. ' Bowie, ou l'art d'exceller en psychologie humaine. Prend toi ça dans la gueule, Neel. La dentelle ? Non, connaissait pas. On parlait de Bowie Prinsloo, pâle copie de papa, un mec vraiment louche qui possédait également cet art de dire bien ou ce que tout le monde pensait bien bas. Et que deviendrait cette vie de luxe sans personne pour en conter la réalité ? Rien.

Elle souffla, excéder par la situation, par un connard qui ne pouvait pas lui foutre la paix. Trois couvertures de magazine et le voilà déjà en stress à cause du 'qu'en dira-t-on'. Oh mais oui, qu'en dira Athénaïs ? La jolie A. pleine de ressource. Mais si jolie A. avait été un minimum jalouse, ne l'aurait-elle pas fais comprendre ? Ou était-il encore et toujours trop con pour se foutre un coup de pied au cul et se trouver une petite anglaise folle de lui, prête à lui donner cinq beaux enfants et à passer ses soirées seule parce que monsieur est trop occupé en concert ? Fiction ? Réalité. Pure, dure, vraie. ' Tu me fatigues, à un point. C'est pas que je passe en seconde qui soit déroutant, c'est que tu tapes une nana que t'aime, alors qu'elle non, et que tu trouves ça parfaitement normal. ' Elle marqua une légère pause. ' Et je conçois parfaitement qu'il y a beaucoup d'imperfections chez moi. Mais par pitié, regarde toi dans une glace avant d'emmerder les autres avec tes histoires d'amour foireuse et tes sarcasmes à la con. ' lâcha-t-elle encore une fois. C'était toujours la même histoire, le seul sujet de leur conversation était Athénaïs et Bowie commençait à en avoir marre. Marre de lui, de sa façon d'agir -ou de ne pas agir-, de sa manière de penser et de faire croire qu'il pouvait parfaitement être un salop prétencieux et sarcastique. Alors que non, soyons réaliste, Neel était simplement un doux rêveur dans un monde féérique à la Tim Burton, un gentil garçon amoureux d'une nana qui a 18 ans, n'avait pas encore la capacité d'aimer un type de 25 ans. Rien que son âge devait lui faire comprendre qu'entre lui et elle ce serait plus que difficile.

' Je suis pas ta mère après tout. Cette histoire finira par se tasser quand un autre scandale viendra. Quant au reste Neel, fais ce que tu veux, pense ce que tu veux, agis comme tu veux. Ca m'est bien égal au jour d'aujourd'hui. ' Elle avait essayé de lui ouvrir les yeux, peine perdue. Perdue dans sa bulle, aucune de ses paroles ne pouvaient l'atteindre. Comme s'il était constamment accompagné d'une armure prête à toute épreuve.
Lorsqu'elle tourna la tête sur la droite, elle constata que chaque magasins présent commençaient à fermer. Une heure pas si tardive pointait sur l'horloge mais chez les friqués, on ne rigole pas. Pourtant, Bowie resta planté là, observant Neel, bien décidé cette fois à attendre l'une de ses réponses sarcastiques, et non pas à partir en le laissant comme un con. Ce qui, dans cette situation, aurait été tout aussi intéressant..

Il restait silencieux, et ce à chaque fois que la jeune Prinsloo prenait la parole, elle arrivait toujours à dire quelque chose de pertinent, la répartie ça la connaissait. Et Neel buvait ses paroles, qui étaient blessantes, mais il les écoutait, ce qui était une faiblesse en soi, car ça montrait qu’il avait besoin de réfléchir pour y répondre, et elle avait une arme infaillible : elle le connaissait par cœur et parvenait déjà à anticiper la moindre de ses réactions. Mais il tentait de se débattre et de débattre tout court sur une chose qui lui tenait à cœur, ce qu’il était.

« Un connard ? Tu appelles quoi un connard ? Et les journalistes s’arrachent donc les paroles d’un connard ? Un connard qui a été le seul à se décider à porter son groupe ? Un connard qui n’a jamais rien fait de travers pour attirer l’attention contrairement aux autres ici, ou un connard dont tu es amoureuse et que tu refuses de l’admettre ? »

Il ajouta ensuite, mais plus il parlait, plus il s’énervait :

« J’appelle pas prendre un café, m’afficher avec quelqu’un, mais pour la suite, tu m’as allumé, alors tu peux t’en prendre qu’à toi. »

Un semblant de calme résonnait à présent dans sa voix. Si elle n’avait pas été une fille, ça ferait bien longtemps que Neel serait déjà là en train de la ruer de coup, mais l’éducation Lincoln interdisait le moindre contact violent avec une fille. Et ça ne venait pas de sa mère. Son père avait beau être la pire des ordures et avoir trompé sa mère, il ne frapperait jamais aucune femme. Du savoir-vivre.

Le temps de souffler car un vilain mal de tête lui parcourait le crâne, il détourna la tête regardant un instant la boutique qui s’était fermée sous ses yeux un peu plus tôt, ce qui l’avait foutu en rogne puisqu’il n’avait toujours pas de cadeau pour sa mère. De plus, il semblait fatigué de s’énerver, lui qui était plutôt d’un tempérament calme bien qu’impulsif, il regrettait d’avoir attrapé le bras de Bowie, mais au moins, ils mettaient les choses au clair. Contre toute attente il devint si furieux qu’il s’effraya lui-même :

« FERME-LA BOWIE ! Ca te regarde pas ce qu’il y a entre elle et moi, et ça ne regarde personne d’autre qu’elle et moi ! C’est clair ?! Tu penses ce que tu veux de cette histoire, c’est pas ton problème ! Je viens pas te faire chier quand tu vas te taper des mecs dans un bordel avec tes autres copines… »

Il était allé trop loin. Mais connaissant Bowie il était possible qu’elle ne s’en formalise même pas. Finalement Neel était comme son père passait son temps à le lui dire : faible, geignard, incapable, et par-dessus le marché trop sensible. Quand son père parlait des femmes, c’était limite s’il ne parlait pas de poupées, vulgaires objets, il les prenait et tirait son coup. Neel non. A ce moment là, la seule chose dont il avait besoin, c’était sa bouteille. Il voulait boire, se saouler et oublier. Pas la meilleure des solutions, mais c’était la seule qu’il connaissait, mais il ne l’avait pas sous la main. Bravo. Il le savait que c’était peine perdue avec Athenaïs qu’elle allait un jour rencontrer quelqu’un de son âge, et que Neel passerait aux oubliettes, pire encore, il se disait que lorsque ce jour viendrait, il ne serait plus en mesure de faire la part des choses, et se voyait déjà quitter son propre groupe, celui qu’il avait fondé. En quelques sortes, il souhaitait le malheur des autres pour que le sien persiste, si on pouvait déjà appeler ça du bonheur.

« Non pas ma mère. T’es loin de l’être. Elle n’est ni une trainée, ni une fille qui se plait à pointer du doigt les défauts des autres prétendant qu’elle n’est pas parfaite. Mais tu vois Bowie, tout ce petit jeu, ça te mènera nulle part. Je me demande bien ce qu’il t’a fait ton ex pour que tu sois que l’ombre de toi-même. Je ne suis peut être pas parfait, mais je ne joue pas un jeu contrairement à toi. Tu te voiles la face. »

Pourquoi cherchait-il à la blesser ? En réalité ce n’était pas volontaire, Neel constamment attaqué, ne battait pas en retraite, il continuait d’attaquer en légitime défense orale. Ses yeux se perdait sur un point fixe derrière Bowie, tout défilait dans sa tête, pourquoi en étaient-ils arrivés là ?

La planète porterait-elle une personne capable d'arracher son sang froid à Bowie ? Aurait-il réussit à la mettre hors d'elle au point que sa paire de talons allaient finir sur sa petite gueule d'enfoiré ? La réponse était belle et bien oui. Un grand oui et il ne se rendait même pas compte de l'ouragan qu'il venait de créer. ' Amoureuse ? AMOUREUSE ? AS TU SEULEMENT IDEE DE CE QUE C'EST L'AMOUR MONSIEUR NEEL LINCOLN LE TOUT PUISSANT ? AS TU RELLEMENT CONSCIENCE DE CA ? LE MONDE NE TOURNE PAS AUTOUR DE TOI ! ' hurla-t-elle comme une furie en agitant les bras. Comment osait-il insinuer ça, comment osait-il prononcer ces paroles une seconde fois. Elle le détestait, plus que les autres, plus que son père, plus que tout. Un connard. Un parfait connard qui arrivait bien à la cheville de tous les autres !

' En fait t'as rien compris Neel. T'es comme les autres. ' lâcha-t-elle plus calmement. ' T'es un con, un con fini. ' continua-t-elle, l'air visiblement perdue dans ses pensées, dans une attitude qui ne lui ressemblait pas. Bowie Prinsloo n'était pas douce, n'était pas une sainte, n'était une gamine bien élevée qui pouvait faire preuve de sentiments. Il avait réussis, en si peu de phrases, à faire éclater l'image si lisse de la salope qui faisait les couvertures de magazines depuis un an. Jolie Bowie allait-elle chialer ? Presque, ses yeux mouillés par ses paroles avaient du mal à se contenir. Connard. Subitement, elle lâcha son sachet sur le sol, suivi de son sac, elle retira ses chaussures et sa veste et commença à lui tourner autour. ' Eh ben alors ? Vas-y Neel, je passe mon temps à me taper des mecs dans un bordel.. Je t'en prie, viens. C'est tarif réduis pour toi, j'écarte les cuisses ou tu veux. Profite en tiens ! ' Jamais elle n'était allé aussi loin au point de se lâcher totalement en public. Jamais. Il pouvait se sentir heureux désormais. Il avait pris le dessus sur elle, il l'avait dominé puis mise au tapis telle une pauvre petite chose. BRAVO NEEL.

' Je t'autorise même à me frapper va, t'en meurs d'envie et puisque mon ex le faisait, alors pourquoi pas toi. Après tout c'est de ma faute, je t'ai poussé à bout c'est vrai.. ' lui cracha-t-elle au visage. ' Il a même eu la chance de m'envoyer à l'hôpital. Et si tu veux la vérité, j'aurai préféré la morgue. Mais tu as l'opportunité de le faire, ne t'arrêtes pas en si bon chemin, toi, monsieur je sais tout, monsieur toutes les filles sont amoureuse de moi, MONSIEUR JE CROIS EN L'AMOUR LE GRAND LE VRAI L'UNIQUE. PARCE QU'ELLE EN A RIEN A FOUTRE DE TA GUEULE TA PETITE PRINCESSE T'ES JUSTE SON COUP DANS LA SEMAINE.. comme moi j'ai été le punching ball. Alors va te foutre Neel Lincoln, va te faire foutre.. ' Un flot de paroles débités sans pouvoir l'arrêter. Des révélations plus difficiles les unes que les autres. Personne n'était au courant de cette situation hormis sa mère, là-bas en Australie. Et elle chialait, oui, Bowie Prinsloo chialait et avec un peu de chance elle ferait la une demain, ainsi il serait un peu oublié avec cette histoire dans le café.. Le bonheur, ce devait être jouissif pour lui à ce moment précis.
Puis elle saisit sa veste et la remit, caché son tee-shirt décolleté, repris ses chaussures qu'elle enfila en deux secondes et son sac et sachet. ' Je te déteste. ' finit-elle par lui envoyer, lui faisant comprendre qu'elle ne possédait plus aucune estime pour lui, rien. Le néant.

Neel avait dépassé les bornes. Plus que ça, dans ces mots, il retrouvait son père. Le moi-je universel et égocentrique de son père. En fait il était une légère copie de ce dernier, et finalement il voyait en face de lui sa mère, alors que pourtant Bowie n’était pas sa fiancée, ni sa copine, ni sa femme rien. Il commençait à s’en vouloir, car de voir la jeune Prinsloo péter littéralement un câble, lui prouvait qu’elle n’était pas de pierre, elle avait un cœur elle aussi. Pourtant il continua dans cette voie :

« Rappelles-toi Bowie, c’est toi qui m’a dit que ça t’énervait que je pense à elle plutôt qu’à toi…et… »

Les joies de l’interprétation. Fausse interprétation. Elle gueulait et pourtant, il était toujours d’aplomb, quoique légèrement désarçonné, mais il en avait vu des filles lui gueuler après, déjà en commençant par Holly de son groupe, la ravissante chanteuse qui ne pouvait pas se l’encadrer. C’était réciproque. Neel était légèrement égocentrique en fin de compte. Il voulait être le centre de l’attention, c’était surement pour ça qu’il détestait Holly, car elle l’empêchait – du moins façon de le dire – de passer du temps avec Dan. Et là pour Bowie c’était un peu le même cas, il la pensait amoureuse de lui, car il se prenait pour le centre du monde. Tu étais le centre de l’attention de tes parents, Neel, mais le monde est grand.

Mais visiblement de voir la déroute de Bowie, lui ouvrit les yeux. Il se sentait soudainement confus, gêné, embarrassé, peut être même plus : coupable. C’était le mot. Plus encore, l’attitude de Bowie l’effrayait. Elle lui tournait autour comme un prédateur jubilant d’avoir capturé sa proie, et il ne savait que répondre. Il hésitait, et il baissa la tête avant de dire :

« C’était con et déplacé de dire ça…Je suis désolé. Mais comprends que toi aussi tu blesses les gens… »

Il tenta de la regarder un instant, qu’est ce qu’elle faisait ? Il ne voulait pas en arriver là. Les regrets, c’était surement la première fois qu’il en avait.

Elle voulait qu’il la frappe ? Non. Elle était en train de lui donner une large explication de là où il avait tapé : le mille, c'est-à-dire sa vie. Personne ne semblait au courant, et elle semblait se vider. Un mal pour un bien ? Le visage de Neel se décomposait de plus en plus à chaque mot que la fille Prinsloo prononçait, il répétait à tue-tête :

« Arrêtes Bowie, je t’en prie, dis pas des trucs comme ça… »

Pour une fois, il n’accordait pas d’importance à la fin de la phrase de Bowie, qui le concernait, mais plutôt à ce qui la concernait elle, au mal qu’elle avait pu ressentir, et à la force qu’elle avait d’avoir su s’en remettre et de se créer derrière, une carapace pour lui permettre de vivre comme elle l’entendait à nouveau. Et ces mots, qui le laissèrent bouche bée. Comme si durant une éternité on venait de les lui répéter. Ces mots prenaient trop de sens. Ces mots il les avait lui aussi prononcés, mais peut être avec un peu moins d’engagement, et avec des excuses derrière, à l’égard de son père, enfant. Même si ça s’avérait être le cas, il ne lui avait jamais dit d’homme à homme qu’il le détestait. Et là, d’entendre ces mots à son égard, c’était pire qu’un coup de couteau. Elle ne le pensait pas, se disait-il, mais d’une autre part, il se rendait compte de ses erreurs, et s’en mordait les doigts. S’approchant d’elle, la prenant dans ses bras, il la serra contre lui, et lui murmura :

« Eh bien moi non. Je suis désolé Bowie, je ne savais pas… »

Il s’en foutait de sa réaction à présent. Ce qu’il voulait là, c’est qu’elle se calme, qu’elle arrête de lui en vouloir, même si ça allait être difficile. Il jeta un coup d’œil derrière lui. Pas un seul journaliste. Tant mieux. Sinon il les aurait faits fuir.

' Il n'y a qu'elle de toute manière. Toi et elle. Le reste du monde n'a pas sa place. Qu'importe ce que j'ai pu dire, faire ou penser.. ' Alors oui, elle lui avait avoué que ça l'énervait qu'il pense à Athénaïs en sa compagnie. Peut-être pas par amour, simplement cette attitude ne lui plaisait pas pour la bonne et simple raison qu'elle se sentait rejeté et laissé sur le carreau. Situation qu'elle ne supportait pas. Un bouche-trou dans un café, voilà ce qu'elle avait été pour lui il y a peu de temps. C'est tout.
Mais il continua, encore. Il poussa la souffrance plus loin. Peut-être était-ce là son moyen de lui faire payer toutes ces paroles, toutes les saloperies -vraies pourtant- qu'elle lui avait toujours débité sans qu'il ne puisse rien dire ou faire. ' Ce n'est pas moi qui blesse, c'est la vérité. ' Evidemment. ' Et je m'en fous, t'as pas besoin d'être désolée, j'ai pas besoin de ça, j'ai besoin de rien. ' Non, elle n'avait besoin de rien, de personne, c'était une grande fille qui s'était remise de bien pire et ce, par sa seule aide. Elle s'était construis son monde avec carapace, cette image de bimbo trop franche, ce côté détestable et envoutant à la fois. Bowie est et a toujours été une petite chose préfabriqué sur mesure pour le monde de la célébrité et pourtant le terre entière restait persuadé qu'elle n'était qu'une salope. Eh bien, si la terre le pensait, elle devait effectivement en être une.

Ses petits yeux bleu mouillés étaient devenus rouges à force de laisser couler les larmes. Une situation inédite qu'elle ne supportait pas, elle se résolue donc à inspirer un grand coup malgré l'envie toujours présente de pleurer et de se laisser aller pour une fois dans sa vie. Mais non, elle n'avait pas le droit de craquer, jamais, pas devant lui, pas maintenant, bien que ce soit trop tard. Arrêter de dire ça ? Eh bien, elle était franche avec les autres, autant l'être avec elle-même. Oui, Bowie aurait préféré crever seule dans son hôpital plutôt que d'avoir cette vie là. Oui. Un mal être dont personne ne connaissait l'existence, caché derrière un grand sourire glossé et une façade quasiment parfaite et sans faille. Un véritable machine cette gamine.
Et puis il la serra contre elle. D'habitude, elle l'aurait repoussé en lui hurlant des vulgarités de son cru mais là il n'en fut rien, elle n'avait pas la force de lutter contre lui, alors elle se laissa faire comme une enfant docile, l'écouta murmurer quelques paroles. Oui, elle le détestait de tout son être, elle le détestait pour avoir fait ressortir ce côté sensible de sa personnalité. Mais au fond, ce n'était pas trop le cas, bien qu'elle ne lui avouerait pas, ce serait comme lui ouvrir une porte vers de la sympathie, Bowie ne pouvait pas. Elle n'y arrivait pas, tout était abstrait chez elle, enfuis, il fallait tout deviner, lire en elle comme dans un livre ouvert, trop complexe pour la population. ' Arrête, arrête.. ' supplia-t-elle à voix basse en le poussant légèrement en arrière, se détachant de son étreinte. Arrête d'être désolée et d'avoir pitié d'elle, arrête de vouloir la réconforter, c'est une grande fille, elle le fera seule, comme d'habitude. Arrête..
' Je vais rentrer chez moi, c'est mieux. Tu as ce que tu es venu chercher, c'est suffisant ainsi. ' Chez elle. Woah, une chambre d'hôtel pourrie, décorée comme de la grosse daube. Oh, son chez elle était une merveille.. Pas l'envie de prendre une grande maison pour elle, même un simple appart', elle se punissait elle même d'une chambre minable dans un hôtel luxueux remplis de gosses de riches.

« Bowie ! C’est normal ! Regardes Daniel par exemple ! Il est mon meilleur ami, et je le vois moins depuis qu’il est avec cette pimbêche ! Y a rien de mal là-dedans, ça s’appelle l’amour. Tu disais que je ne m’y connaissais pas, mais c’est élémentaire. »

Il ne semblait plus comprendre pourquoi elle lui en voulait pour si peu. Après tout, il n’avait rien fait, elle l’avait aguiché, il avait juste répondu à ses avances, et il n’était pas engagé, donc il faisait ce qu’il voulait, comme elle le disait si bien, Athenaïs n’était pas sa petite-amie, alors il n’y avait aucun problème. Pourtant ça le tracassait de savoir qu’elle lui reprochait un truc comme ça, lui qui pensait bien faire et qui réfléchissait alors qu’il était impulsif, mais on voyait là que l’associal n’y connaissait strictement rien à la vie sociale avec une fille qui était bien différente des relations amicales réglo avec Daniel.

La vérité. Mais la vérité de qui ? Pas la sienne en tout cas. Il avait du mal à faire la part des choses et à se remettre en cause, et si la vérité blessait, alors ce qu’il venait de lui dire, c’était la vérité ? En fait il allait s’arrêter là, il ne voulait pas pousser le bouchon trop loin, de la voir dans cet état c’était déjà assez perturbant. Elle n’acceptait même pas ses excuses, et ça l’agaçait, mais il ne pouvait rien y faire à part ce dire qu’il devrait apprendre à la fermer et que ça serait utile. Son petit monde était en train de s’écrouler petit à petit. Dan lui reprochait de prendre des décisions seul, alors que le groupe avait été créé à deux, et qu’il ferait mieux de les consulter au lieu de se prendre pour le leader du groupe. Et maintenant Bowie lui reprochait d’avoir cédé à ses avances, puis de la toucher avec ses mots. Pour ce qui était du groupe, il croyait avoir bien fait, en même temps ils n’en seraient pas là s’il n’avait pas pris une décision, et en ce qui concernait Bowie, elle avait voulu lui faire oublier Athenaïs, ce qu’elle avait réussi durant un moment avant de se casser, mais il avait voulu des explications, et c’était allé trop loin. A chaque fois ca ne partait pas d’un mauvais sentiment, mais au final il ne savait pas comment le gérer.

La serrant dans ses bras, il se sentait soulagé qu’elle ne l’ait pas repoussé, il voulait tellement se faire pardonner, ou ne pas l’avoir attaquée sur ce sujet. Mais il était trop tard. La petite Bowie blessée, lui rappelait son enfance, face au tyran qu’était son père, qui l’avait toujours rabaissé, qui une fois hors de lui, énervé contre son fils qui été rentré à une heure tardive agé de seulement 14 ans, bourré, avait brisé sa guitare en mille morceaux, et le pauvre garçon se souvenait encore de l’expression de satisfaction de son père, qui avait achevé de le blesser :

« De toute manière tu sais même pas en jouer… »

Revenant à lui, les mots qu’il avait balancé à Bowie avait cette connotation péjorative, alors il continua de s’excuser :

« Ne crois pas que je sois comme ça s’il te plait…Je suis pas comme ça, je voulais vraiment pas te blesser… »

Elle se déroba à lui, elle en avait assez, elle lui en voulait, ça se sentait dans ses paroles, et elle voulait rentrer. Du coup, il soupira, confus, il avait une idée, mais il avait peur qu’elle le prenne mal, pourtant il prit son courage à deux mains, et proposa :

« Attends Bowie, tu veux pas qu’on aille se détendre plutôt ? C’est mieux que de se cloitrer chez soi, non ? »

Il baissa la tête s’attendant à un refus catégorique, fixant le sol.

' Sauf que l'amour c'est censé être du positif. T'as l'impression qu'Holly te pique ton meilleur ami, eh bien moi j'ai l'impression qu'Athénaïs te tire vers le bas. C'est dommage. ' Ce qu'elle ne lui avait pas avoué par contre -et chose qu'elle ne ferait jamais, c'est qu'elle l'aimait bien. Oui, elle l'appréciait aussi fou que cela puisse paraître. Mais le problème ne se posait pas là, non. Bowie avait des tendances capricieuses et voulait qu'on lui porte de l'attention, trop surement. Elle avait ce besoin constant d'être apprécié ou détestait selon les personnes, qu'on sache qu'elle existe. Chez tout le monde elle obtenait son attention. Chez lui non. Quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle dise et ça l'énervait. Et ça paraissait futile aussi.. Mais tout s'enchainait : parce qu'elle l'appréciait un minimum, elle voulait l'aider, lui dé-voiler la face, lui faire prendre conscience de son erreur de croire qu'A. éprouverait un jour des sentiments à son égard.

Mais c'était impossible de parler avec lui, il était borné comme personne, tout devait aller dans son sens et c'est tout. A force de réagir ainsi, il en souffrirait forcément un jour, si ce n'était pas déjà le cas. Bowie ne faisait que pointer l'atroce vérité qu'il gardait au fond de lui.
C'est d'un oeil intrigué qu'elle observait Neel par la suite. Visiblement perdu dans ses pensées, il lui avait lâché un 'de toute manière tu ne sais même pas en jouer' qui n'avait aucunement sa place dans la conversation et sortait d'on-ne-sait-ou. Et bien que cherchant à comprendre ces mots, ce fut en vain. ' Euuh.. Neel ? De qui tu parles ? ' Elle avait du mal à comprendre. Et lorsqu'il continua sa plainte, elle ne put s'empêcher de baisser la tête. Il avait fait remonter des évènements de sa vie bien trop difficile et insupportable. Le gentil Lincoln avait revêtu sa parure de méchant l'espace d'un instant mais elle savait bien qu'il n'était pas comme ça dans le fond.. ' Ca passera. ' lui répondit-elle en haussant les épaules. Comme pour lui faire comprendre qu'elle s'en foutait -alors que non bien sûr-. Il l'avait blessé et pire encore ! Rare était les gens à réussir cet exploit, il pourrait s'en vanter par la suite. ' Non tu n'es pas comme ça, juste de temps en temps.. ' continua-t-elle, l'air dégouté, ne pouvant s'en empêcher.

' Non, je ne préfère pas. ' Rester cloitrer chez elle était son truc, sa manière un peu solitaire de s'éloigner du monde, de penser et de réfléchir. Non, elle ne passait pas ses soirées en boite ou avec un escort-boy, elle se contentait souvent de sa chambre et de sa télé, totalement accro à ses jeux de télé-réalité débiles qui passaient chaques soirs. Elle était bien loin la demoiselle des journaux.
Prête à s'en aller, elle se ravisa finalement, toisant Neel du regard : oui, elle lui en voulait, mais de là à l'ignorer et le traiter comme un moins que rien.. Peut-être pas, ce n'était pas dans ses habitudes de rester sur un mal, loin de là, elle préférait de loin poursuivre ses aventures sans y porter attention. Et bien que ce mal soit douloureux, tant pis, elle ferait de son mieux pour ne pas lui en vouloir. ' Bon. S'il y a de la tequila et peu de monde, je veux bien. ' Une touche d'humour, on en a tous besoin.

« C’est pas elle qui me tire vers le bas…Elle y est pour rien, c’est moi le problème. Elle en sait rien de ce qui se trame dans ma tête. D’ailleurs personne excepté toi le sait.»

En fait, il n’avait réussi à se confier qu’à Bowie. Pourquoi juste à elle ? Eh bien inconsciemment ils étaient semblables, ils se ressemblaient beaucoup, ils avaient réagi de deux manières différentes face à de gros problèmes, mais au final ils avaient beaucoup de points communs. Et même s’il ne lui disait pas, il était très attaché à elle, et c’est pour cela que finalement leurs disputes s’avéraient grosses et blessantes. Car au final c’est quand on aime qu’on cherche à blesser l’autre quand un obstacle se met en travers. Son égocentrisme faisait qu’il ne voyait que lui, et qu’il en oubliait que les autres aussi étaient humains, qu’ils avaient des besoins sociaux, et donc par conséquent que Bowie ne supportait pas de le voir s’entêter dans une cause perdue. En fait ils éprouvaient la même chose, ils avaient besoin qu’on leur accorde de l’attention, mais l’un ne pouvait voir que l’autre ne demandait que ça.

Au fond, Neel et Bowie s’étaient bien trouvés. Ils se ressemblaient en tous points. Ils cachaient tous deux des choses à tout le monde, mais ne pouvaient s’empêcher de se les révéler mutuellement .Autre chose, ils étaient toujours convaincus d’avoir raison, et refusait de laisser l’autre l’emporter, après tout ça serait que changer d’attitude, et donc de ne plus être soi. Et c’était à se demander si ces deux-là n’allaient pas finir par se découvrir l’un à l’autre et démarrer quelque chose…

Pensif au sujet de son père, il ne s’était même pas entendu prononcer les paroles de son père qui lui avaient semblées pourtant bien ancrées dans sa tête, et Bowie le lui fit remarquer. Etonné, il arqua un sourcil :

« Quoi ? »

Et il comprit très vite.

« Oh euh rien…Ca m’a échappé. Une bêtise, fais pas attention. »

Il fallait qu’il arrête de penser à ce crétin de rocker Ecossais qui était un imbécile de première pas capable de reconnaitre que son fils était bel et bien plus talentueux que lui ça lui jouait trop de tours. Et puis pour une fois, il pouvait se soucier un peu plus de Bowie même si ses excuses restaient vaines. Elle ne méritait pas qu’il pense à son père avant elle. De plus elle continuait à lui faire des reproches, ce à quoi il ne pouvait répondre que par des soupirs, ne voulant pas envenimer la chose encore une fois. Il se passa une main dans les cheveux pour les ébouriffer chose qui montrait qu’il était au combien gêné et embarrassé.

Finalement, sa proposition fut déclinée, comme il l’avait prédit. Elle ne voulait pas, alors il n’avait plus qu’à rentrer chez lui, jouer de la guitare, sur des morceaux déprimants et s’endormir habillé sur le lit après avoir veillé à se saouler. La vie était injuste. Se saouler c’était bien mieux à deux. Et alors qu’il y pensait justement, elle se ravisa, et décida d’accepter parlant d’alcool, le péché mignon de notre cher petit leader des Fun Factory qui ne put s’empêcher de sourire.

« Tequila, Whisky, pub, mais tranquillité assurée, je te le promets. »

Il passa son bras autour des épaules de Bowie, commençant par avancer, faisant mine que tout ce qui venait de se passer n’avait jamais existé, et levant le bras, il cria :

« En route mauvaise troupe, allons nous bourrer la gueule et nous déchainer ! »

Neel le taré refaisait surface. L’alcool quel pouvoir extra. Rien que son nom le rendait fou de joie.

Excepté elle ? Bowie tombait des nues, persuadé que le groupe entier était au courant de ça.. et surtout Dan, son meilleur ami, ça paraissait d'une logique folle, non ? ' Pourquoi moi uniquement ? ' lui demanda-t-elle finalement par pure curiosité. Surtout que de manière générale, personne ne partageait rien avec elle et juste avec elle.. Cette information la troubla réellement. Après tout elle n'était.. n'avait été que son "affiche", rien de plus, la jolie fille à côté de qui on sourit et sur laquelle on laisse le doute planer. En couple ? Pas en couple ? Marié ? Pas marié ? Tant de questions qui avaient alimentées les journaux pendant un certain temps mais qui n'avait jamais eu l'effet escompté -pour lui une fois-.
Au fond, elle en était flattée, beaucoup même. Etre la seule à posséder cette information lui donnait une certaine valeur, valeur qu'elle appréciait. Bowie et son cruel manque d'attention, elle fut servie comme une reine. ' Eh bien dans ce cas, toi aussi tu sais quelque chose sur moi que personne d'autre ne sait.. On est à égalité. Ca remet les compteurs à zéro. Mais la guerre ne fait que commencer ! ' lâcha-t-elle en plaisantant, bien que le sujet ne le soit pas. En effet, avoir été frappé par son ex petit ami n'était pas une fierté, loin de là. Si vous aviez connu Bowie avant.. Aimable comme personne et doté d'un sens de l'humour à vous damner, légèrement et toujours siffoné bien entendu, trop franche ! Un chouette brin de fille mais jamais assez bien.. pas pour son petit ami en tout cas et encore moins pour son père. Papa. Bowie était la seule gamine qu'il ai jamais reconnu mais ça s'arrêtait là. Depuis toujours elle ne le voyait que deux fois par an : pour son anniversaire et celui de son père, le sien en comité réduis, quant à celui de son paternel.. Une fiesta plus gigantesque chaques années ou une gamine de cinq ans n'avait pas sa place, jamais. Et puis elle était devenue cette fille folle qu'on croisait dans chaques magazines et là.. Papa était ré-apparut comme par magie, fière de sa fille, fière de la salope qu'elle était devenue. Elle n'avait peut-être pas tellement changer, mais son agressivité envers les autres ne datait pas de son enfance, sa jalousie non plus. Elle regrettait d'avoir fait subir ça à Neel, lui qui ne le méritait peut-être pas..

' Non, dis moi. ' continua-t-elle, souhaitant savoir d'où venait ce "de toute manière tu ne sais même pas en jouer". Elle le voulait : mieux le connaître, oui. Elle voyait en lui quelqu'un de sympathique malgré tout, malgré ses paroles blessantes. Elle n'y avait pas été de main morte non plus. Neel constituait à l'heure actuelle la seule personne qu'elle appréciait (et détester à la fois, mais gentiment, toujours !). Leur relation était compliquée.. Finirait-elle par s'éclaircir après cette soirée tranquille ensemble ?

Surement. A peine le mot tequila prononcé que le petit Neel était tout content. Alcoolique va ! Les alcooliques domineront le monde. Et perdu dans cet élan de bonheur, il passa son bras autour de ses épaules et leva l'autre en l'air. Elle ne put s'empêcher de sourire en arquant un sourcil et finit par lâcher un rire, se foutant totalement de lui et de son attitude. ' T'as pété ta pile Neel ! ' commença-t-elle. ' Mais partons vers l'infinie et au-delààààà.. ' Fallait bien rester dans le ton. Il avait pris son air de taré, elle aussi, mais si sur elle ça rendait bien plus bizarre que prévue. ' Hum, ouai, bon, on va se bourrer la gueule et manger des chips et peut-être qu'à la fin tu finiras par danser la lambada, qui sait ? ' Le rêve, et si jamais elle pensait à le prendre en photos, plus jamais elle ne le lâcherait avec ça !
Mais les voilà déjà sortie du centre commercial, Bowie l'ayant entraîné avec elle tout en débitant ces conneries. ' On va par ou ? Y a ma voiture là, mais tu conduis. ' Pas le choix. La voiture en question était un espèce de gros 4x4 noir.. plus elle ne pourrait pas vous dire, du moment que ça roule..

Pourquoi elle ? C’était une très bonne question. Pourquoi pas son groupe, ça coulait de source. Athenaïs était incluse dans son secret, Holly il la détestait, Norah pourrait éventuellement garder le secret puisqu’elle était muette, mais il ne pouvait attendre de réponse, et puis Daniel, son meilleur ami, celui avec qui il partageait tout, semblait lui en vouloir pour des choses qu’il appelait futile, et de toute manière ne se souciait que d’Holly. Donc au final Bowie avait été la seule personne capable de comprendre. Il le lui expliqua :

« Tu sais Bowie, que ça se sache au sein du groupe, chacun pourrait le répéter, et puis t’es la seule en qui j’ai confiance. Et à qui j’aurais pu en parler. Et finalement je crois que j’ai bien fait. Car t’as été honnête avec moi. »

Et il était plutôt sincère à cet instant. Neel était-il en train de se rendre compte qu’elle avait raison depuis le début ?

Ils se rendaient finalement coup pour coup. T’empruntes tu rends. C’était comme ça avec eux. Aucun cadeau, et pourtant ils s’appréciaient. Mais la discrétion était aussi une de leur vertu. Et ils allaient continuer comme ça c’était certain.

« Personne ? T’as gardé ça en toi tout ce temps ? Je sais pas comment tu fais…J’admire. »

Et souriant malicieusement il ajouta :

« Ne crois pas gagner cette fois. Je suis plutôt coriace. »

Il savait que des chocs psychologiques pouvaient changer des personnes comme lui par exemple avec son père, il aurait été si différent si son père avait été plus agréable, peut être qu’il n’aurait même pas été guitariste dans un groupe, mais autre chose. En fait il était même en train de se le demander ce qu’il aurait pu être. Et puis ensuite, il se reporta sur le cas de Bowie. Elle était si différente des autres, et pourtant en apparences ce n’était pas le cas, et il savait que cet incident avait eu une forte répercussion sur elle, et elle aurait du en parler avant, elle n’en serait pas aussi affectée. Par contre, elle gardait un bon fond, ça s’était vu ce soir, elle était plus sensible qu’elle en avait l’air. Et en fait ça ne déplaisait pas à Neel de l’apprendre, finalement oublier un peu Athenaïs ça avait du bon, on commençait à connaitre certaines personnes. Et Bowie en particulier. Et au final ça lui servirait peut être à comprendre pourquoi elle voulait tant l’aider, car ça l’intéressait bien de savoir.

Et voilà que l’intérêt qu’elle lui portait reprit. Elle voulait maintenant savoir la raison qui l’avait poussé à dire cette phrase qui dans la conversation n’avait aucun sens, mais pour lui, elle signifiait beaucoup. Il sourit, nerveux, et baissa la tête un instant. Et il expliqua soupirant.

« Ton problème, ça m’a rappelé la relation que j’ai avec mon père. Elle est catastrophique depuis toujours. Pour lui je suis un moins que rien. Un raté qui croit que tout lui est du. Il se croit meilleur que moi… »

Ca lui était difficile d’en parler, il prit une grande inspiration avant de souffler pour se détendre, et il reprit :

« Tu vois ça n’a aucun intérêt. Il a juste dit ça un jour, parce que j’étais rentré tard. Enervé il m’a cassé la guitare en prononçant cette phrase. Et il en était fier en plus…Très fier… »

Neel voulait se changer les idées, tous ces malentendus, et ces disputes l’exaspéraient, il voulait profiter à fond, et il avait bien raison. Il se lâchait, et ça fit rire la jeune fille, ce à quoi il répondit :

« Et encore t’as rien vu, d’habitude je ne suis que moi-même sur scène. »

Et elle continua dans son délire, et il ne put s’empêcher d’éclater de rire et d’appuyer sa référence :

« Lincoln à Prinsloo, est-ce que vous me recevez ? »

La danse. Il n’était pas un fervent admirateur de ce passe-temps, mais il savait danser.

« Oh pour ça il va falloir que je sois bien bourré. Et hors de question d’utiliser ça pour me faire chanter ! Je préviens juste…QUOI ? Tu veux que je conduise ta voiture ? Quel honneur tu me fais ! Donnes les clés on y va ! »

Et saisissant les clés qu’elle lui tendait, il fut encore plus excité que deux secondes auparavant, ça faisait bien un moment qu’il n’avait pas conduit, ça lui manquait d’ailleurs.

' Eh bien j'en suis ravie. ' Oui, totalement et entièrement ravie d'être une personne de confiance à ses yeux, un compliment qu'elle apprécia grandement venant de sa part. Puis elle continua quelque peu sur l'autre partie qui la concernait : ' Honnête mais quelque peu violente ! Disons que t'as pris mon honnêteté en pleine gueule. ' lui avoua-t-elle. Elle se savait violente dans certaine de ses réactions, trop franche et vulgaire mais persuadé que les gens comprenaient mieux ainsi, elle utilisait toujours cette manière pour faire passer ses messages. Le pauvre Neel en avait fait les frais mais ne lui en tenait pas compte et heureusement.

Bowie faisait simplement quant à ses secrets bien gardés. Premièrement, peu de gens avaient sa confiance et sans confiance, pas de détails sur sa vie. Ensuite, comme à son habitude, elle ne supportait pas de rester sur des problèmes ou des mals, elle avait cette capacité d'avancer sans regarder derrière elle, sans se soucier des conséquences que cela aurait pu avoir sur elle. Evidemment, dit comme ça c'est génial. Cependant, laisser un mal s'enfouir au fond de soi n'est pas toujours une bonne chose et pouvoir en parler à quelqu'un est une nécessité. Les gens ne malheureusement pas toujours là pour nous.. ' En fait je ne parle jamais de moi. ' puis elle haussa les épaules.

Bowie écouta avec attention ses dires, comprenant parfaitement ce qu'il pouvait ressentir. Les relations pères/enfants semblaient difficile un peu partout.. ' Si, ça a toujours son intérêt, ça t'as permis d'être ce que tu es aujourd'hui. ' On évolue uniquement avec des chocs, aussi douloureux soient-ils. ' Tu n'es pas un moins que rien, tu es le guitariste et leader d'un groupe au succés immense, un peu taré certes, mais on l'est tous.. ' Elle constatait bien que cette situation le gênait, que parler de son père le rendait anxieux et mal. Bien sûr que c'était difficile mais elle faisait du mieux qu'elle le pouvait pour le soutenir malgré tout. Son père semblait être un homme sans coeur, un homme qui n'avait jamais pris soins de son fils et c'est regrettable. Mais il est également possible de constater qu'il a réussis sa vie malgré tout, malgré les relations catastrophiques qu'il entretenait avec son père.. Là était le plus important. ' Mon père me déteste aussi, on peut monter un club si tu veux, je dirige, tu obéis ? ' lâcha-t-elle pour détendre l'atmosphère.

La voiture.. Il était si heureux qu'elle lui laisse ses clés.. Qu'elle chercha d'ailleurs dans son sac, pressant le bouton pour ouvrir la voiture avait de les lui tendre pour qu'il prenne le volant. ' Prinsloo vous reçois mon capitaine, clé de la voiture à cinq heures, vous allez tomber dessus d'ici deux minutes. Terminé. ' et comme pour rendre ça plus vrais, elle accompagna le tout de 'tchuu tchuu tchuu', comme pour imiter le son des grésillements d'une radio. Un peu folle la Bowie. ' Bon, ma voiture c'est le seul amour de ma vie, même si je connais pas la marque, je ne veux donc aucune rayures ou j'te refais le portrait ! ' Les menaces revenaient au galop, des menaces sympathique tout de même, elle ne se permettrait pas de lui refaire le portrait, surtout qu'il l'aurait déjà pendue par les pieds avant. Et Bowie s'installa dans sa voiture, côté passager, enfouissant son sachet sur la banquette arrière et son sac sous ses jambes. C'est là qu'elle alluma le chauffage à fond : l'Angleterre est un pays gelée, glacée, pluitée (existe pas, on sait). ' Bon, avance, on va se bourrer la gueule et dormir sur un banc cette nuit, yopla ! ' Impatiente la petite Bowie.

« Vraiment ? »

Comme s’il ne le savait pas. Lorsqu’on accordait sa confiance à quelqu’un, la personne ne pouvait qu’être contente d’avoir une once d’importance aux yeux de celui ou celle qui lui révélait quoi que ce soit. Sauf si cette personne se foutait complètement du sort de son ami, ça arrivait aussi. Mais Neel n’avait pas à se plaindre de cela, sauf sous l’effet de l’alcool, il ne déblatérait pas beaucoup. Tout le monde pouvait l’attester. Il préférait écouter, c’était dans sa nature, et c’était ce en quoi la musique s’avérait être une évidence, car il était capable d’écouter. Souriant, amusé par la situation maintenant que l’orage était passé, Neel haussa légèrement les épaules et dit :

« Si tu es aveuglé, ou que tu as la vue brouillée, l’ami sera toujours là pour te faire ouvrir les yeux. C’est le principal. »

Bien sur qu’il parlait en général. Il n’en était pas encore au stade d’oublier Athenaïs, c’était trop dur pour l’instant, mais il avait fait l’effort de se rendre compte que Bowie avait raison depuis le début, et qu’il espérait pour rien. Mais il pourrait maintenant se concentrer sur autre chose, puisqu’il en avait conscience. Restait à savoir s’il allait y parvenir.

C’était ce qui manquait réellement à leurs conversations : qu’elle raconte sa vie. Il avait un aperçu de ce qu’elle était via ce qu’il entendait – qui s’avérait être complètement faux et infondé, et il se faisait sa propre petite idée en lui parlant, en jouant avec elle, mais c’était bien maigre. Il ne connaissait en fait pas Bowie Prinsloo. Il ne la connaissait qu’en apparence, et si il avait voulu aller plus loin avant, elle ne lui aurait pas donné l’autorisation de le faire, de comprendre qui elle était, parce qu’elle était encore plus renfermée que lui, parce qu’elle se protégeait. Et au fond, elle n’avait pas tort, car elle souffrait beaucoup moins en s’exposant moins. Pourtant, il était convaincu qu’il y avait quelque chose à découvrir, mais il laissait faire le temps.

« Et c’est bien dommage que tu ne parles pas de toi… Ca aurait évité certains malentendus… »

Il faisait bel et bien allusion à toutes les insultes qu’il avait pu proférer à son égard juste pour se défendre certes, mais qui auraient pu la blesser plus qu’il n’y paraissait, même si par la suite il avait réussi à le faire. Il en était peu fier.

« Ce que je suis ? »

Il détourna la tête.

« Mais je suis quoi en fait ? Son pantin ? L’amoureux transi qui est même pas capable de dire ce qu’il ressent sauf quand il écrit ? Ou suis-je le type qui a réussi à te blesser ? Je veux pas qu’on m’associe à ma guitare, je veux pas qu’on m’associe à quoi que ce soit. Je suis simplement comme tout le monde en fait. »

Dès qu’il parlait de son père, Neel se mettait à douter. Neel, leader, c’était en apparence, c’était parce qu’il avait pris une décision que les autres tardaient à prendre, c’était pour se faciliter la tâche du groupe. Mais au fond Neel aimait son père, et même s’il le niait, il lui ressemblait beaucoup, et c’était pour ça qu’il existait ce climat de compétition entre eux. Mais Bowie alla également de sa révélation. Son père aussi. Etrange. Il voulut en savoir plus :

« Qu’est ce que ton père a contre toi ? Je veux dire t’as plein de qualités, il devrait être fier de toi… »

Il avait voulu rester sérieux, et pourtant, la plaisanterie de l’Australienne l’avait fait rire, elle pouvait en être sure, mais le sujet était trop important pour divaguer. Du moins c’était sa façon à lui de résonner.

L’atmosphère se détendait enfin. Décidant de passer une bonne soirée ensemble, ils semblaient repartir en enfance, faire un séjour au pays imaginaire de Peter Pan et les Enfants Perdus. D’ailleurs ce surnom leur collait à la peau. Ils étaient des enfants perdus. Abandonnés, livrés à eux-mêmes, pâtissant grandement du succès de leurs parents. Ravi cependant d’être en possession de clés d’un gros 4x4, il arqua un sourcil avec une grimace au coin de la bouche, rétorquant tout de suite à Bowie en rentrant dans la voiture :

« Tu me prends pour une bille ou quoi ? Je l’ai mon permis. »

S’installant aux commandes, il constata que le 4x4 avait des allures modernes, mais pas seulement à l’extérieur, l’intérieur s’avérait être une pure merveille, lui qui conduisait seulement une vieille bagnole parce que ça faisait vintage… Bowie s’impatientait d’ailleurs, car il contemplait la bête.

« Tu patientes un peu ! Je suis pas aussi grand que toi, j’ai besoin de régler le siège et compagnie. »

Il toucha à tout, sans se tromper pourtant, comme si il avait fait ça toute sa vie. Puis il démarra, et commença à rouler. Sa conduite restait fluide, mais connaissant Neel, il n’allait pas continuer bien longtemps à cette allure. Empruntant une route en ligne droite, il commença à accélérer se faufilant entre les autres voitures par dérapages contrôlés et autres. Amusé il dit à Bowie :

« Ca en jette hein ! Il est cool ton 4x4 ! Bon on va où ? »

Je vous l’avais dit. Neel était un éternel enfant.

' Hey ! Tu oses me faire confiance, bien sûr que ça me fait plaisir ! ' Logique. ' Alors je suis passée au stade d'amie ? ' continua-t-elle, après l'entente de sa phrase. De son côté, personne n'avait jamais réellement eu le statut d'ami, du moins plus depuis quelques années. Disons que Bowie avait beaucoup de mal avec les relations sociales, ce n'était pas du tout son fort. Alors en général elle se contentait de dire ce qu'elle pensait et voilà. Une manière de faire quelque peu simpliste et violente.
' Tu sais, si je ne parle pas de moi ça évite que les gens ne connaissent trop certains détails de ma vie, qu'ils s'apitoient sur mon sort. Parce que si on vient vers moi par pitié, ça va vraiment m'énerver. ' pause. ' Je préfère affronter les malentendus je crois. ' La difficulté était de parler, de s'ouvrir, de laisser passer ses émotions, Bowie n'y arrivait pas. Trop coincé à ce niveau, elle compensait avec le reste de sa personnalité si extravagante et éviter ainsi, en général, les questions trop personnelles et ennuyeuses. Bien sûr, leur malentendu l'avait énormément blessé mais qu'importe, elle l'avait cherché.

' Eh bien.. ' pause. ' Tu as les cartes en mains. Tu n'es pas comme tout le monde, être comme tout le monde c'est entrer dans un moule, tu n'y es pas destiné. ' nouvelle pause. ' Tu peux être son pantin ou choisir de l'affronter. Tu peux être un amoureux transi incapable de s'exprimer ou bien tout lui dire ou t'arrêter là. Tu as bien été le type qui m'a blessé mais qui s'est excusé.. Je veux dire, on t'associeras toujours à ta guitare que tu le veuilles ou non, mais ce que tu es, il n'y a que toi pour le changer ou le faire évoluer. Tu es ce que tu as choisi d'être. Pour la population c'est Neel le guitariste, et pour toi.. eh bien, je ne sais pas, prends des décisions, fais des choix et lance toi. ' Elle entendait par ce petit discours la chose suivante : les gens se plaignaient souvent de leurs problèmes, de leurs vies de merde.. Mais ces problèmes et cette vie de merde vous obligez à vous bouger, à changer les choses. Notre vie est entre nos mains. L'image qu'on renvoit de nous également. Tout est une question de choix et de volonté. Si Neel ne s'entendait pas avec son père, il devait faire le choix de parler avec lui ou de l'oublier, simplement, il n'y qu'ainsi qu'on peut évoluer dans notre monde. Restez sur place en ressassant le passé ne servait définitivement à rien. On l'associait à sa guitare car il était le guitariste des Fun Factory. S'il sortait un jour avec Athénaïs il deviendrait l'amoureux transi des magazines.. Il contrôlait son image, si elle ne lui plaisait pas il devait la changer, quitte à faire des choix difficiles. Puis elle continua sur elle : ' Mon père.. ' pause, encore. ' Il m'a reconnu quand je suis née, ça lui a fait un coup de pub. Ensuite plus rien, il m'envoyait des chèques c'est tout. Une fois la nouvelle de sa gamine passée, elle ne servait plus à rien. Je le voyais deux fois dans l'année et encore.. Et puis un jour, j'avais 17 ans, il m'a simplement dit que de toute manière je finirai par être comme ma mère.. à savoir une trainée qui se tape des rockeurs et tombe enceinte. La seule raison pour laquelle il me parle aujourd'hui c'est parce que je fais la couverture des magazines avec son nom. Je suis son business c'est tout. ' puis elle haussa les épaules, habitué par cette situation. Elle lui avait tout révélé comme ça, sans vraiment y avoir réfléchis auparavant, mais quelqu'un savait maintenant.. Les Prinsloo n'avait rien d'une bonne famille.

Il ne devait jamais avoir vu un 4x4 de sa vie, tellement excité par l'intérieur de la voiture, ce qui fit rire la jeune Bowie. ' Suffit pas d'avoir le permis pour savoir rouler ! ' lui lança-t-elle comme pique, pour le titiller un peu. Bien sûr, elle se moquait gentiment de lui, tentant de l'énerver, simplement pour s'amuser. ' Tu veux mes talons ? ' Deuxième pique, elle se moquait encore. En espérant qu'il ne le prenne pas mal ! Elle se sentie donc obligé de le préciser : ' Je plaisante hein ! ' Encore heureux.
Une fois sur la route, Bowie constata qu'elle avait eu tort, il savait plutôt bien conduire, miracle, sa voiture s'en sortirait indemne avec un peu de chance. Ou pas, il commençait à faire le con. ' MA VOITURE BORDEL DE MERDE DE CHIOTTE DE CROTTE ! JE VAIS TE FRAPPER ! Amen. ' hurla-t-elle en levant les bras, l'observant slalomer entre les voitures. ' Puis tu m'a dis dans un pub je te signal, lequel moi j'en sais rien ! ' Eh bah petit Neel ? Alzheimer précoce ?
Un coup ils étaient sérieux dans leur discussion, un coup ils partaient en sucette tous les deux, à croire qu'ils avaient bien trop de points communs..

Amie ? Ca faisait bien longtemps qu’il la considérait comme telle. Mais conscient qu’il pouvait de nouveau plaisanter, il fit mine de réfléchir :

« Amie ? C’est quoi ce mot ? Non c’est vraiment trop tôt… »

Puis il se laissa aller à une légère tape dans le dos en rectifiant :

« Mais bien sur quelle question ! »

Le sourire de Neel devenait, au fil des minutes, bien plus conséquent. Pourtant habituellement, il n’y avait que Daniel qui pouvait le faire rire et lui foutre ce sourire malicieux sur les lèvres, à présent deux personnes en étaient capables. Maigre, mais au moins il savait qu’il pouvait compter sur eux à n’importe quel moment. Bowie lui disait tout ce qu’elle pensait, et Daniel le soutenait quoiqu’il se passe, qu’il ait tort ou pas.

« Pourquoi tu vois le mal de partout Bowie ? Pas tout le monde n’est comme ça ! Les gens s’intéressent surtout à toi je pense… »

Et c’était vrai ce qu’il disait. Il le pensait aussi. Connaitre la vie de certaines personnes ne l’intéressait pas du tout, et puis pour d’autres, il avait envie de savoir ce dont leur vie était faite, s’ils s’entendaient bien par le même vécu ou seulement grâce aux différences. Connaitre ces petits détails qui faisaient toute la différence serait un moyen de plus de se considérer comme amis, et il l’avait toujours vu comme ça. C’était pour ça que Daniel l’était, car réciproquement, ils se connaissaient par cœur. Rien ne pouvait les tromper, ils ne pouvaient se mentir. Il voyait cependant qu’elle faisait un blocage. Elle ne se laissait aller à ses émotions que très rarement, contrairement à toutes ces filles qui se plaignaient pour un rien, et il était sur que ça plaisait. Car au final une fille qui sait écouter, donner son avis, et qui par-dessus le marché n’est pas con-con, pimbêche et peste, ça demeurait être un gros atout.

Neel voyait cette discussion sur son père d’un mauvais œil, et finalement on en revenait toujours au même sujet : lui-même. Parce qu’il n’avait jamais omis le fait d’être responsable à moitié dans les relations qu’il entretenait avec son père.

« Je sais que j’ai le choix. Mais ça ne t’a jamais fait ça, que t’as l’impression d’être impuissant même si t’es remonté à bloc avant de lui dire tout ce que tu penses, et le moment venu, plus rien ne sort ? Ca me le fait tout le temps, et du coup, dans l’histoire, je suis le grand battu. »

Il repensa un moment à sa guitare. Il en avait parlé en mal pour une fois, il voulait être autre chose qu’un guitariste, mais il n’était pas uniquement ça, et il le savait très bien. Il était également auteur, compositeur, et même chanteur à ses heures perdues, ce que tout le monde ignorait.

« Tu sais, ma guitare c’est la plus belle chose qui existe dans ma vie, mais dès qu’on parle de Neel c’est tout de suite guitare. Comme une fille et son sac à main. Inséparables. Pourtant même sans, j’arriverai à vivre, mais je me dis que c’est le seul moyen de démontrer à mon père que je vaux quelque chose. Donc au final, c’est un cercle vicieux. »

Il aimait contrôler les choses, avoir les cartes en main comme elle disait, seulement parfois le temps faisait filer cette maitrise des choses, et il en perdait le nord, car il ne supportait pas les casse-têtes, ni les énigmes. Voilà pourquoi il ne supportait pas avoir les journalistes sur le dos, car ils façonnaient une image qui n’était pas la sienne, qui ne lui ressemblait sous aucun prétexte, ils interprétaient. Ca le rendait fou, car malgré ses efforts, les gens préféraient croire les usurpateurs plutôt que l’original. D’ailleurs il n’y avait pas que les journalistes qui le dégoutaient. L’attitude du père de Bowie était répugnante.

« Comment tu peux appeler ça un père ?! Et ta mère dans tout ça ? Rien ne t’oblige à garder son nom maintenant que tu as de l’argent, toi aussi tu peux décider de la suite. Tu peux couper les ponts, changer de nom, t’émanciper. Beaucoup de sorties de secours. »

Il souriait sincèrement, il ne compatissait pas, il la comprenait. C’était différent.

Dans la voiture, les piques de la jeune Prinsloo fusaient. C’était très drôle, il avait appris à s’amuser des blagues concernant sa taille, il ne faisait plus aucun complexe, il avait appris à vivre avec. Il rit de bon cœur d’ailleurs.

« Bien joué. J’avoue. »

Mais comme pour se venger, il accentua les dérapages dans les virages, Neel était lancé, et ne semblait plus vouloir s’arrêter.

« T’inquiètes, je maitrise ta voiture va bien regardes ! »

Le pub c’est vrai.

« Oui mais je ne pensais pas à un pub en particulier, je disais juste qu’un pub ça serait cool. Bon ok, je vais faire un choix. Accroches-toi, demi-tour sur une route à sans unique… »

Il était complètement givré. D’une manœuvre experte il fit son demi-tour bien qu’on klaxonna à ce non-respect des règles.

« Va te faire voir mon grand ! »

Et accélérant de nouveau, il s’arrêta bientôt devant un petit pub, l’arrêt se fit en douceur, et levant les clés du contact, il les balança à Bowie.

« Et nous voilà arrivés à bon port. »

' Crétin ! ' lui lança-t-elle en plaisantant. Amusée par la situation et par sa réaction. ' Comme on est amis, tu pourras me tenir les cheveux si je vomis tout à l'heure.. ' et elle rit légèrement, à son tour de foutre de lui. Il n'empêche que si cette possibilité arrivait réellement, il aurait l'immense joie de devoir le faire et ce, sans négociations possibles ! On est amis dans les meilleures et dans les pires situations.
' Je ne me sens pas intéressante tu sais. Je veux dire, ma vie n'intéresse personne, c'est plutôt mes agissements qui intéressent.. ' Il y avait dans cette phrase une immense part de vérité. La vie des artistes, des acteurs, des stars en général n'intéressaient que peu. C'est bien leur relation, leurs conneries et tout le reste qui faisaient la une des magasines people. Au contraire, connaître le parcours de quelqu'un revenait à se rendre compte que ses agissements et sa manière d'être avait une signification et les gens ne voulaient pas réfléchir, pas savoir, juste rire des scandales et photos diffusées. ' Tu te rends compte que même ma mère ne connait rien de ma vie ! ' Une manière simple de lui dire qu'il était le seul au jour d'aujourd'hui. Du moins le seul à connaître les pires détails de sa sinistre ancienne vie.

' Tu sais, chez moi y a beaucoup de choses qui sortent.. Mon père sait tout mais il s'en fout. Peut-être que le tien prendra conscience de la situation.. Au pire, écrit lui une lettre, une chanson, quelque chose ou tu racontes les moments difficiles. ' Il y avait tellement de moyens possibles pour dire les choses, la parole restait la solution la plus difficile mais d'autres se profilaient. Bowie restait persuadé qu'il y avait toujours quelque chose à faire, dans chaques situations. ' Pour le public tu es Neel le guitariste, pour ton père, le Neel qui a peut-être réussit et pour les gens qui te connaissent un minimum tu es Neel tout court. Chacun se fait une image mais au final, il n'y a que toi qui sait réellement qu'elle image te correspond le mieux. Tu sais si tu te soucie de ce que pensent les autres, surtout ton père, tu feras toujours les choses en fonction de ça.. Faut mettre un terme au cercle vicieux. ' Plus facile à dire qu'à faire évidemment.

Et il en revint à son père. A vrai dire, avec le temps, Bowie s'était habitué à cette situation. Ils ne s'aimaient pas, point, rien de plus, rien de moins. Certaines de ses paroles étaient blessants mais étant donné qu'elle ne s'en souciait pas, tout allait bien. Quand elle lui crachait à la figure tout ce qu'elle avait sur le coeur, il s'en foutait également. Autant dire qu'une telle situation était sans fin. ' Tu sais, mon père s'en fout, mais aller contre lui.. C'est vraiment pas conseillé si tu veux avoir la paix. Ma mère pareil. Enfin, on a quasiment plus de relations. Elle s'en fout pas de moi mais disons qu'elle a ses propres problèmes. Et puis, changer de nom.. Adieu la célébrité, je sais que si j'en suis là c'est en partie grâce à lui aussi. Mais sans célébrité j'ai plus rien. ' Vrai. Prinsloo était un nom connu, et malgré ses nombreux efforts, son nom l'avait quand même aidé à monter dans le rang des strass, c'était une évidence. Et retomber dans l'anonymat n'était pas possible. Revenir à une vie normale non plus. Sans célébrité Bowie se sentait seule et mise à nue, une situation fâcheuse pour elle, alors malgré tous les problèmes que cela mettait en place, tant pis.

Non, pas possible, il osait se venger de ses plaisanteries en utilisant sa voiture. Bowie attrapa la poignée de la porte et s'enfonça un peu plus dans son siège, de peur qu'il fasse un accident ou raye sa voiture. Homme au volant, mort au tournant, si, si. Et en plus, elle se trouvait être à la place du mort, évidemment ! ' Je vais mouriiiiir ! ' poussa-t-elle comme petit cri et surtout lorsqu'il tenta un demi-tour sur une route à sens unique. Mon Dieu, s'il n'avait pas le volant en main elle l'aurait bien baffé à plusieurs reprises ! Il insulta quelqu'un et s'arrêta finalement à un pub. Elle était en vie, amen. Pourtant Bowie attrapa la poignée de la portière, l'ouvrit et finit par se jeter sur le sol, en l'occurence le trottoir tout en hurlant : ' TERREEEEEEE, TERRE ADOREEEE ! ' Heureuse de pouvoir à nouveau toucher le sol en vie. Bien sûr qu'elle se foutait de lui ! Elle se releva d'ailleurs, remettant ses habits en place tout en observant le pub et récupéra ses clés, balança auparavant. Prenez note de ne jamais donner le volant à Neel, JAMAIS. ' Bon, on y va, viens. ' et Bowie attrapa son bras pour l'entraîner à l'intérieur sans réellement se soucier de l'endroit, elle s'assit au bar.

« Je ne crois pas que cela sera possible, car si tu as envie de vomir, j’aurais déjà vomi bien avant toi. T’as pas choisi le bon type pour veiller sur toi. L’alcool et moi c’est une histoire d’amour. »

Et ce n’était pas faux. Comment un type qui tenait si peu l’alcool, pouvait continuer à boire autant ? Il ne semblait pas se rendre compte de son état à chaque fois qu’il buvait, mais ça restait déplorable. Il faisait n’importe quoi quand il était bourré, comme beaucoup de personnes, sauf que lui c’était au bout de deux verres. Et il ne se passait pas une seule soirée, où après avoir bu, il finissait déchiré à vomir quelque part. L’art de la débauche.

« Donc en fait, il faudra que tu sois en mesure de me ramener chez moi ! »

Il sourit tel un enfant qui venait de faire une connerie et haussa les épaules :

« Bah quoi ?! On est amis. »

En revanche, il redevint un tant soit peu sérieux après les dires de la jolie brune, qui s’avéraient tristes et pas justifiés. C’est en posant sa main sur une de Bowie, qu’il rétorqua, sérieux :

« Eh bien pour moi t’es intéressante. »

Certaines personnes arrivaient à faire la part des choses. Quelque part, Neel faisait partie de ces gens-là. Il avait gardé certains amis qui étaient loin d’être stars, et qui pourtant valait quelque chose à ses yeux. Pire, il avait horreur de ces stars qui croyaient valoir plus que d’autres, qui traitaient les gens comme des moins que rien, voilà pourquoi le jeune Lincoln passait les trois quarts de son temps à signer des autographes. Il méprisait uniquement les journalistes, qui portaient atteinte à sa vie privée, parce qu’il voulait être tranquille. Enfin de compte, il était comme tout le monde. La célébrité avait sa part de bien, et sa part de mal. Il en était conscient, mais vu le métier qu’il faisait, il n’avait pas d’autre choix que d’accepter cette fatalité, et n’y accordait plus beaucoup d’importance. En revanche, Bowie semblait malmenée par toute cette vie, et une question lui vint simplement à l’esprit :

« T’as choisi de faire ce que tu fais ? Ou c’est uniquement pour faire plaisir à ton père ? Car dans ce cas de figure, je comprendrais pourquoi la vie n’aurait aucun but…Tu devrais réfléchir, et faire uniquement ce qu’il te plait à toi. »

Au combien de fois il avait voulu le dire à son père qu’il se foutait de son nom, et surtout de sa gloire. Il faisait de la musique parce qu’il aimait ça avant tout. Mais les mots ne sortaient pas. Pourtant il savait que son père l’écouterait. Contrairement à celui de Bowie qui s’avérait intéressé que par son unique personne. Quel dommage. S’il voyait au combien sa fille pouvait être une fierté.

« Je n’écrirais jamais une chanson sur lui, pour la simple et bonne raison qu’Holly la gâcherait, parce qu’elle peut pas comprendre ce que je ressens, donc techniquement, elle ne peut pas se l’approprier pour la chanter. J’ai déjà pensé aux lettres, mais comme en face de lui, les mots ne viennent pas. Et puis, il serait capable de la rendre publique pour me faire payer… »

Neel semblait se vider ce soir, il se sentait déjà mieux, et pourtant il n’avait pas eu recours à l’alcool, ni à la drogue – qu’il n’avait jamais touchée – et autres moyens débiles en tous genres.

« Merci. »

Elle avait parfaitement raison au fond. Il devait se concentrer sur lui et oublier l’image qu’il renvoyait. Ce n’était qu’une interprétation au fond. Elle pouvait être vraie, comme fausse.

« Ce que tu me dis est aussi valable pour toi Bowie…De briser les chaines avec ton père te ferait gagner plus d’argent que tu ne le crois. Et les gens s’intéressent à tes agissements, et à toi. Ton père ça fait longtemps qu’il est démodé. C’est ce que je me suis dit à un moment donné, plus personne ne me pose de questions sur mon père. »

Il savait bien qu’elle était capable de le faire, et qu’elle parviendrait à en sortir plus forte, et surtout libérée. Quant à lui, il se disait qu’il aurait eu du mal à embrasser une carrière solo, car au final, l’appui de ses amis, mais aussi de son groupe comptait plus que tout. Et il ne se sentait enfin de compte pas l’âme d’un Jimmi Hendrix, mais plutôt l’âme d’un guitariste talentueux, dans un groupe très prometteur.

En voiture (Simone ! xD !), Bowie hurlait. Quoi ?! Sa conduite n’était pas si mauvaise ! Au contraire, il s’amusait comme un petit fou. Il aurait pu faire pilote de rallye finalement. Il aurait surclassé Sebastien Loeb de sur. Il se plut à rire lorsqu’elle se jeta sur le sol comme après avoir quitté un bateau en ayant eu le mal de mer tout le trajet.

« Elle est chouette ta voiture ! J’espère juste ne pas t’avoir fait perdre de points sur ton permis… »

Et oui. C’était sa voiture, donc elle la responsable. Ce n’était pas gentil Neel Lincoln. Mais il n’avait repéré aucun flash. Tant mieux. Ils rentrèrent dans le pub, Bowie tenant son bras, et Ernie, le mec du comptoir le salua chaleureusement :

‘ Neel Lincoln. Toi ici ?! Ca fait combien de temps gamin ? Charmante compagnie dis moi !

Il en sourit, et rétorqua :

« Ernie…Eh bien ça doit faire plus de 7 ans je crois. Ne mets pas ça sur le dos de la célébrité, c’est juste que j’ai voulu vous préserver des journalistes. Je te présente Bowie. Une amie. »

Et il avait bien fait. Il avait précisé les choses, il ne tenait pas à subir un interrogatoire, et Ernie le comprit. Neel se soucia ensuite de la jeune Prinsloo, et se penchant vers elle, il dit :

« Alors, qu’est-ce que tu bois pour commencer ? »

Il connaissait ce pub par cœur, autrefois quand son père venait sur Londres, il emmenait son fils ici, boire un coup avec lui, pour lui apprendre ce qu’était la vie.

' T'es sûr ? Qui te dit que je tiens l'alcool Néné ? ' Tout dépendait de l'alcool en fait mais à partir du moment ou il s'agissait de vodka, whisky et autre alcool fort, Bowie partait en vrille avec deux verres. Le champagne, même au bout de deux bouteilles, elle le tenait parfaitement. Bizarre, bizarre. En mesure de le ramenez chez lui ? Il croyait sincèrement qu'elle allait boire un jus d'orange pour pouvoir ensuite le ramener chez lui ? ' Tu veux pas que j'te borde non plus ? Que j'te fasse prendre ton bain et que j'te lise une histoire ? ' lui lança-t-elle en plaisantant. Bien qu'elle en soit parfaitement capable. Elle était capable de presque tout Bowie. L'amitié avait ses limites. De toute manière, dès que l'alcool s'en mêlait il n'y avait plus d'amitié, chacun pour sa poire, quitte à dormir sur un trottoir londonien.

Il la trouvait intéressante, elle sourie presque timidement, non habitué d'avoir un tel compliment. D'ailleurs, rares étaient les compliments - hormis sur son physique avantageux, évidemment. Avait-elle choisie de faire ça ? Avait-elle pris la peine de penser à la suite des évènements ou c'était-elle lançé là dedans pour faire plaisir à papa ? Surement un peu des deux. En réalité, elle ne savait pas vraiment quoi lui répondre, mais elle enchaina tout de même : ' Je ne sais pas. Parce que j'en avais envie surement et inconsciemment pour faire plaisir à mon père. Etre la fille de c'est pas une partie de plaisir. Mais faire ce qui me plaît.. ' pause. ' Rien ne me plaît et puis j'ai aucun talent : je ne sais pas chanter, ni jouer la comédie, ni jouer d'un instrument ou quoi que ce soit.. Je ne sais pas ce que 'travailler' veut dire, je ne sais pas m'occuper d'enfant ni entretenir une maison. En fait je ne sais rien. ' Vrai. Bowie avait été l'une de ses assistée quasiment toute la vie. Plus jeune, elle vivait de l'argent que lui donnait son père. Et bien que possédant un QI plus élevé que la moyenne, l'idée de faire des études ou de travailler comme la population ne lui plaisait guère.. Cherchez le problème.

Son père était un homme peu appréciable d'après ses paroles et Bowie ne comprenait pas comment il pouvait être comme ça. D'accord, le sien n'était pas un ange mais de là à étaler la vie de son propre enfant comme ça.. Elle le comprenait. Exprimer ses sentiments face à son paternel n'était pas chose simple pourtant vital pour bien continuer sa vie. ' Tu peux la chanter toi-même ? Enfin je dis ça, je dis rien. Mais si tu allais le voir accompagné de quelqu'un ça irait peut-être mieux ? ' Une idée comme une autre mais généralement, accompagné on s'en sortait mieux. La personne présente pouvait vous aider, vous soutenir, vous pousser dans la bonne voie. Peut-être ne voulait-il pas ce genre de chose, pourtant Bowie était persuadé que ça l'aiderait pas mal. Elle décocha un petit sourire lorsqu'il la remercia, chose totalement inutile, elle ne disait que la vérité à son sujet.

' Mais c'est mon père.. ' et elle baissa la tête. Couper les ponts étaient une chose, le conseiller aux autres également, le faire elle n'y arrivait pas. Même s'il la détestait elle restait persuadé qu'un jour il l'aimerait, qu'il serait là pour elle. Jamais dans sa vie elle n'avait eu de présence masculine, de père tout simplement.. et ça lui manquait, énormément. ' Arrêtons de parler de lui s'il te plaît. ' lui demanda-t-elle, le suppliant presque, sujet trop sensible chez elle.

Heureusement, le bar et l'alcool était présent pour lui remonter le moral, et Neel aussi évidemment. Boire seule serait navrant. Elle en avait même oublié les points sur son permis. Quel permis ? ' J'ai pas le permis ! ' Merte, oublie, elle aurait peut-être dû lui préciser ça avant. Voilà bien longtemps qu'elle conduisait sans permis. Et les flics dans tout ça ? Un sourire de Bowie Prinsloo et hop, pas de problème, maligne cette petite. A l'intèrieur du bar, elle observa l'homme qui venait d'adresser la parole à Neel et sourie lorsqu'il pointa le "charmante compagnie". Neel précisa qu'elle n'était qu'une amie, ce qu'il comprit de suite mais elle ne put s'empêcher d'en rajouter une couche : ' Yo Ernie. Ne l'écoute pas, il ment, on est marié depuis 7 ans et on a 2 enfants, une grande maison en banlieue et un chien qui s'appelle Rufus. ' Et elle se posa au bar, tirant sur le bras de Neel pour qu'il la suive, un peu violemment même. Elle ne précisa même pas qu'elle plaisantait, ils le savaient tous les deux. Il était désormais temps de se concentrer sur les boissons. Et c'est avec une désinvolte étonnante qu'elle lui lança : ' Je veux un whisky à la tequila. ' Oui, les australiennes peuvent parfois faire très peurs. ' Et avec une pointe de citron vert ! Et des chips, je veux manger des chips. '

» Les aventures de Neel & Bowie (TERMINE)
» DIRTY ■ bowie
» Est-ce que tu seras en bas, est-ce que tu me rattraperas - Neel&Eileen
» TOP 10 DES PHRASES DE DAME BOWIE PRINSLOO.
» Shadow of the day ♦NEEL - [TERMINE]